Pas mal d'éléments de ce film me font penser à un Simenon : le commissaire, avec la même carrure qu'un Maigret, le rythme très lent du film, son côté "fait divers", et sa volonté de rapporter sans porter vraiment de jugement.

Car au fond, peut-on vraiment approuver ce Bronson qui, après le meurtre de sa femme et l'envoi de sa fille en maison psychiatrique, décide de se promener dans les rues dangereuses, un flingue à la main, pour provoquer les truands de manière à pouvoir les tuer en autodéfense ? Le film ne cache pas que l'attitude de Paul Kersey est un dévoiement de l'autodéfense ; il ne cache pas son instabilité émotionnelle et sa paranoïa commençante ; il explique le cheminement de l'individu, avec cette virée à Tucson, Arizona, où il rencontre une sorte de frère, Ames, qui lui offre le flingue qui deviendra sa signature. Et cette reconstitution de western, qui est une épiphanie pour Paul, et le pousse à parler un peu comme un cowboy, par moment. Je ne crois pas que le fait que Paul soit un ancien objecteur de conscience cache une critique contre ces chochottes de démocrates (encore que le personnage du fils pleutre soit un peu dérangeant). Le film montre bien que l'attitude de Kersey quand il a trouvé ce nouveau hobby de "vigilante" pour se reconstruire n'est pas naturelle : il repeint son salon, se fait de la bonne bouffe, écoute de la musique fort, est en somme euphorique, mais cette euphorie est artificielle.

Faut-il y voir un proto-"Taxi driver" ? Oui et non. Paul est un solitaire, mais pas un désaxé complet. Le film insiste plutôt sur les conséquences de son action dans la société : les gens l'imitent, les médias en parlent, le crime baisse, mais jamais le film ne dit que c'est bien. Les politiques, en revanche, manoeuvrent pour écarter cet individualiste qui joue dans leur cour.

La musique de Herbie Hancock, terriblement seventies, colle plutôt bien, en tout cas c'est un net plus pour le film. Rien à redire sur les acteurs. La mise en scène est très classique, pas d'innovation, juste cette touche seventies.

Donc non, "Un justicier..." n'est pas un film parrainé par la NRA, c'est surtout une putain de bonne histoire.
zardoz6704
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le 10 sept. 2012

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le 10 sept. 2012

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