Une question, une seule : comment ce film a t-il pu être accueilli dans l'indifférence et la tiédeur la plus totale? Alors peut-être me suis-je transformé en midinette durant deux heures, mais quand je vois l'extase provoquée par certaines sorties sans que l'on sache très bien pourquoi, je m'interroge. Toujours est-il qu'il n'était pas gagné d'avance de nous émouvoir autant avec « Un jour » qu' « Une éducation », Lone Scherfig réussit le pari, et de quelle façon. Avec un talent fabuleux, celle-ci nous propose quelques journées dans la vie de deux êtres que tout sépare et rapproche, jouant à la fois la carte de la nostalgie et de l'émotion, comme en témoigne cette somptueuse ouverture nous faisant remonter le temps avec grâce. Cela pourrait être banal, mais la réalisatrice parvient à rendre cette histoire infiniment touchante, que ce soit par son bel univers visuel (le travail sur la couleur bleue en particulier) que les différentes situations infiniment justes, écrites à chaque fois de fort belle manière.
Difficile, alors, de ne pas se sentir concerné par cette magnifique romance faisant également la part belle aux seconds rôles (notamment Patricia Clarkson, remarquable) et où certains silences en disent infiniment plus que les mots. Cela aussi Scherfig l'a bien compris, preuve une fois encore de l'infinie subtilité qui caractérise le traitement de l'oeuvre. Un mot enfin sur Anne Hathaway : cette actrice à la carrière si inégale prouve ici à quel point son talent est immense, assurément celui d'une future icône. J'irais même plus loin : elle est là au firmament des prestations les plus bouleversantes de ces dernières années, et de ne même pas l'avoir nommée aux Oscars est à mon sens un grave oubli. Mais ces quelques mots ne sont qu'une infime partie de tout ce que j'ai pu ressentir devant ce sublime mélo, assurément parmi ce que j'ai vu de plus beau depuis longtemps. Merci Lone, merci Anne, merci « Un jour » et merci le cinéma, car lorsqu'il ressemble à cela, c'est tout simplement merveilleux.