Jean Lefebvre est le bredin d'un petit village de l'Alliers qui rêve de Paris et de Tour Eiffel pour la plus grande joie de ses compagnons bouseux dont il est forcément un peu le souffre-douleur. Un beau jour, Jean Carmet et son comparse qui livrent leurs produits du terroir aux Halles l'emportent avec eux et le perdent à la capitale...

Autant dire que d'emblée, un sujet pareil, ça fait peur, surtout que le film est filmé avec les pieds, j'imagine que Claude Zidi en opérateur, ça doit laisser des traces, mais pourtant, il y a beaucoup de choses charmantes dans un film qui ne va jamais exactement là où on l'attend, à commencer d'ailleurs par la chanson du générique : Les coeurs tendres que Jacques Brel a composé pour l'occasion.

Pour une fois, Audiard est en forme et bien aidé par une troupe de seconds rôles de choc, avec en tête un très grand Blier en ancien de l'Assistance devenu roi de la viande et de multiples apparitions aussi délicieuses qu'improbables : Pierre Richard en flic sadique, André Pousse en chauffeur de taxi grincheux, Robert Dalban en maire des pécores à la langue bien pendue (" Je suis ancien combattant, militant socialiste et bistrot. C'est dire si dans ma vie j'en ai entendu des conneries !") et Yves Robert en habitant désespéré d'HLM...

Et puis bien sûr, il y a Dany Carrel dite "La Fleur", la pute au grand coeur qui rêve du retour à la terre entre deux ou trois tenues particulièrement délectables, un bonheur de petit minois et de silhouette de rêve qui repose agréablement les yeux après le faciès disgracieux d'un Jeannot qui n'a guère que le physique de l'emploi à proposer dans un rôle pour lequel il lui manque sérieusement des épaules et qui arrive à lui tout seul à gâcher un film pourtant particulièrement sympathique...

Car on a beau dire, René Fallet, c'est toujours bougrement plus futé qu'il n'y parait, ça donne envie de lire tout de suite un livre qu'on imagine bien affadit même si, forcément, la marque du bonhomme surnage, la tendresse pour les paumés, pour les vivants, la lucidité un peu cruelle, la vision désenchanté du bitume et de l'ilote moderne... et même si tout cela est un peu noyé dans la grande farce calibrée coulée par un interprète principal médiocre, le principal surnage et se laisse très gentiment apprécier.

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le 28 avr. 2014

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Torpenn

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