Je sais pas vous mais moi j'ai bien aimé. Mais genre bien bien aimé. Un 8 avec un joli cœur quoi.
C'est bizarre, parce que des comédies romantiques il y en a eu un paquet. Et des bien nulles. Des films sur la différence, là aussi il y en a eu un paquet, et des biens nuls. Alors une comédie romantique sur la différence, m'en parlez pas !
Très habile, la bande-annonce, qui ne dévoilait que la première scène, nous laissait entendre que le film, en plus d'être extrêmement culotté (rétrécir Jean Dujardin, il fallait le faire, autant avec courage que talent technique) allait être véritablement drôle et subtil, approchant un sujet socialement délicat.
Mais elle cachait aussi et surtout un réussi plan séquence d'ouverture.
Et le premier plan d'un film en dit plutôt long sur lui et sur la suite.
Car si au niveau de la mise en scène le film est réussi, voire très efficace (même si on est évidemment pas dans une recherche esthétique très cinématographique), c'est au niveau et du jeu d'acteur et de l'écriture que tout se joue.
Sans jamais verser dans le trop bouffon (mais tout en parvenant à être extrêmement drôle, notamment lors d'une absurde scène de remontée hallucinée de route à contre-sens) ni dans le trop grave (tout en parvenant à être extrêmement touchant parfois, voire souvent) le film parvient à atteindre l'équilibre parfait qui manque à toutes les comédies romantiques tout en parvenant à traiter d'un thème délicat : la différence, voire le handicap. Car s'il est évidemment question du handicap derrière ce beau-gosse nain, c'est toujours tu ; là où un drame réaliste aurait posé brutalement la question et sans panache (un malade mental, un déformé, un handicapé lourd) le film se contente d'un défaut encombrant (la taille) et se tue à la tâche de le faire accepter. Evidemment ressort toujours l'argument facile du "pourquoi n'avoir pas fait jouer le nain par un vrai nain ?" et à cela on peut répondre tout aussi facilement : parce qu'il fallait un couple attirant (tel est le but honorable d'une comédie romantique, voire du cinéma en général), parce que Jean Dujardin est un acteur reconnu, et parce que tout l'objet est là : Un Homme à la Hauteur n'a pas à être lu comme un film à message officiel et assumé, un drame réaliste et engagé mais bien avant tout comme une comédie romantique belle et touchante, parfois potache mais toujours pleine d'enjeux sociétaux, mais en filigrane seulement, derrière l'humour et la naïveté.
La naïveté qu'incarne toute entière la délicieuse Virginie Efira, autant sublime qu'à l'aise et touchante dans ce genre de rôles. Elle est la perle du film, celle qui donne à cette histoire d'amour originale un vrai enjeux. Dujardin lui, métamorphosé, semble disparaître, car ne semble pas être lui (on est pas dans Dujardin, comme on pouvait l'être dans les OSS ou The Artist), redevenu un acteur classique (mais bon), dans un rôle classique. Car le rôle qu'il incarne est bien classique : un père divorcé, riche, charmeur, architecte de génie. Mais nain.
Si ce dernier adjectif semble parfois oublié (et c'est bien le but du film, d'une certaine façon), un habile plan final, à l'image de son plan d'ouverture, aura le don de le rappeler de la plus touchante manière qui soit, et même de réussir à nous mettre une larme un l'oeil et un franc sourire aux lèvres.
Et ça n'était pas gagné.

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le 5 juil. 2016

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Charles Dubois

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