Comédie italienne du (plutôt) début de carrière de Mario Monicelli et Alberto Sordi, qui s'illustre à mon goût en premier lieu par son côté extrêmement poussif. Sordi incarne le rôle qu'on connaît parfaitement et qui lui va certes bien, un pleutre, timide et peureux, qui traverse le film dans un torrent ininterrompu de répliques en passant d'une mésaventure à une autre sans discontinuer. Le procédé est basé sur un schéma répété à l'infini, le mensonge causé par sa crainte l'embarque dans des situations impossibles sans cesse renouvelées : autant on peut rigoler au début, lorsqu'on le découvre dans son tissu de contraintes formé par son emploi (un patron façon big brother qui épie toute l'entreprise avec ses micros/ haut-parleurs omniprésents), sa supérieure (qui est amoureuse de lui sans réciprocité) et son foyer (sa tante et une vieille gouvernante), autant on se désolé progressivement tant "Un héros de notre temps" ne cherche jamais à proposer une formule ne serait-ce que légèrement différente. Il est calé dans son sillon et n'en dérogera pas pendant 1h30, dommage.


Comme souvent chez Monicelli la comédie avance avant tout sous la forme de la satire et dépeint des parties peu reluisantes de la société italienne de l'époque (les années 50, pas tout à fait libérées du fascisme). Le film multiplie les traits d'esprits illustrant la mentalité du héros, du genre "Je ne suis pas un lâche, ma chance, c'est d'être prudent", mais finalement cette image veule et opportuniste (malchanceux aussi, malgré tout) tourne assez vite en rond. Le final où on le voit partir, engagé vite fait dans l'armée italienne pour fuir les deux options (deux femmes, deux vies) qui s'offraient à lui par manque de capacité à décider, tombe comme un cheveu sur la soupe, consécration de sa lâcheté mais surtout énième répétition. Symbole absolu de celui qui éviter à tout prix le conflit — à noter une petite séquence faisant intervenir un certain Carlo Pedersoli (pas encore Bud Spencer, donc) devant la porte de la fille qu'il courtisait.

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le 23 avr. 2024

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Morrinson

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