Je comprends ce qui m'a rebuté dans les films de HHH : ce n'est pas un cinéma de la catharsis. S'agit-il d'une volonté de laisser ça au cinéma populaire ? Il choisit de contourner toute dramatisation : alors que le film aurait pu virer une demi-douzaine de fois au mélo, il la joue neutrino non troppo. Naturaliste, sans musique, il déroule avec une certaine distance la chronique de l'été des deux enfants confiés à leurs grand-parents, dans une ville de campagne, pendant que leur mère est hospitalisée. Le ton neutre du film reproduit l'étouffement des sentiments dans le cercle familial bourgeois : le modèle confucianiste d'organisation, dans lequel le père exerce un pouvoir plus ou moins tranquille.
Les seuls personnages qui témoignent d'une affection envers les enfants sont les objets du mépris du patriarche : son fils un peu bête, et l'idiote du village, qu'il veut faire stériliser - pourtant la seule qui en plus d'une occasion sera là pour la fille de sa fille.


Un peu laissée à elle-même, la descendance peut jouer avec les gosses de pauvres, ce qui donne les passages les plus légers, mais déjà la première fois où le décalage économique est signalé. Bien que tenus à l'écart, les enfants sont témoins de la violence générée par la pauvreté.


Le discours final du vieux sur le modèle que les aînés doivent incarner tombe comme une ponctuation ironique, la répétition mécanique d'un credo qui sert principalement à justifier l'autorité d'un personnage qui se voit lui-même comme un sage, et qui conforte sa position par de belles paroles.

ChatonMarmot
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le 19 juin 2018

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