Petit polar de pré-retraite de Gilles Grangier fort sympathique

Un des derniers films que réalisa Gilles Grangier en 1972 ! Une petite pépite, sans prétention, bien sympathique, complètement amorale, qui tient du fantasme de l'honnête homme. Moi, j'aime bien.

Le scénario et les dialogues : Albert Simonin et Grangier y participent ...
Un petit comptable magouilleur, Granier, se chope deux ans ferme pour une petite escroquerie et côtoie en cellule un malfrat, un vrai, un tueur, Laigneau surnommé "Marcel le Dingue"... Evidemment quand on questionne Granier sur ce qu'il va faire après son temps, il répond "moi, j'ai compris, terminé les conneries, je retourne à l'usine". Tous, Laigneau en tête, le méprisent et ricanent : "un cave ! "Qu'est-ce qu'on peut bien foutre d'un cave"
Evidemment, quand il sort, il retourne sagement à l'usine. En solex, avec des pinces sur le falzar.
Mais, quand l'odeur du grisbi, du gros, du "qui n'a pas d'odeur", se fait insistante, saura -t-il résister, l'ancien petit escroc, redevenu honnête, qui habite chez son tonton et sa tata ?

C'est le casting qui fait passer la pilule au spectateur sur les petites invraisemblances ou les petites facilités du scénario.
Claude Brasseur interprète le rôle du "cave" qui profite de sa chance et construit tranquillement son avenir. Marthe Keller joue le rôle de l'ex du tueur Laigneau, qui vit désormais avec un promoteur immobilier (Pierre Tornade) aussi honnête qu'un marchand de voitures volées.
Claude Brasseur et Marthe Keller jouent leurs rôles en demi-teinte, façon discrète. Du coup, ils sont non seulement sympathiques mais très crédibles.

Là où Gilles Grangier fait assez fort, c'est dans le choix du commissaire de police avec un Paul Le Person en charge de l'enquête qui n'écoute que lui-même, suit sa logique et passe à côté de tout. Plus obtus et aveugle, tu meurs ! "C'est là que je le cravaterai" dit-il en tapant du pied sous l'oeil goguenard de ses adjoints.

Dans le reste du casting, il y a aussi Robert Dalban dans le rôle d'un toubib pour voyous, un peu à la coule ou encore Jacques Balutin dans le rôle d'un flic un peu plus malin que son chef mais qui est inaudible. "Puisque tout le monde s'en fout" conclura -t-il par dépit.

Certes, c'est un film fort sympathique dans lequel on se fait plaisir et on prend plaisir à voir le cave prendre sa revanche sur la vie. Même si les ficelles sont très grosses, on n'est pas dans un film parodique mais dans un film tout-à-fait sérieux où je dirais que le destin est bienveillant (pour certains). Les dialogues de Simonin sont plutôt piquants.

Pour le niveau de l'histoire et en comparaison des grands polars, par exemple "un cave se rebiffe", je ne devrais mettre que 6 comme note.
Mais le duo Claude Brasseur/Marthe Keller m'est si sympathique et Le Person si opportunément à côté de ses pompes que j'octroie une petite prime : ce sera 7 ...

Après tout, si le film plait et divertit le spectateur que je suis, y a pas de raison !