Ne pas se mettre la rate au court-bouillon.

Une femme divorcée, quadragénaire, veut plus que tout connaitre le grand amour.
C'est au fond une histoire simple, actuelle, que Claire Denis nous brosse à travers une Juliette Binoche que je trouve radieuse, lumineuse, qui veut encore y croire, malgré le fait qu'elle soit malgré tout une cumularde.

Il faut dire que les types qu'elle rencontre ont de quoi irriter la gent féminine, en particulier le premier qu'on voit, joué par Xavier Beauvois, qui est un connard de la pire espèce. Il est un banquier dont on voit très vite qu'il a une liaison extra-conjugale avec Binoche, ils couchent ensemble, mais très vite, après sa petite affaire, il lui annonce que non, il ne quittera pas sa femme. De plus, en allant boire un verre dans un bar, pour montrer sa virilité, il se met à rudoyer le serveur en exigeant des olives sans gluten et un verre d'eau bouillant pour montrer qui commande.
Ensuite, la pauvre Binoche va aller de rencontres en désillusions, avec un acteur alcoolique, que joue Duvauchelle, un ami (Bruno Podalydès) pour qui sortir avec une coiffeuse serait horrible pour un homme de son rang (encore un sale con à la liste), un galeriste que je trouve d'une grande douceur (Alex Descas), un homme rencontré à une boite de nuit, et son ex-mari avec qui elle continue de coucher avec et qui se brusque quand elle le voit se mouiller un doigt, mais pour quoi faire ?

Décidément, cette femme n'a pas de chance, mais il faut dire que les cas que j'ai cité sont quand même bien chargés ; une façon de charger la mule sur la gent masculine ? Personnellement, je suis du côté de cette femme, qui a droit à son bonheur, mais on dirait qu'elle est attirée vers l'anormal, le dysfonctionnel. Elle a parfois ses humeurs, notamment une scène étrange et limite hors contexte où, accompagnant des amis achetant une maison de campagne, elle se met soudainement à péter les plombs.C'est comme si le récit était volontairement éclaté : on a ainsi droit à une scène avec Philippe Katerine chez le poissonnier qui dure trente seconde, mais pourquoi ?

Alors la finale de cette histoire vient à l'arrivée de Gérard Depardieu, qui est présent dans les quinze dernières minutes du film, générique de fin inclus, jouant un voyant. Il va expliquer au personnage de Binoche, avec une grande sensibilité, que l'amour ne se provoque pas, qu'il faut parfois attendre quand c'est le bon moment, avec cette phrase sublime que je cite en tête de ma critique. On peut penser qu'il est un double inversé de cette femme, ayant l'air de vivre une histoire similaire avec Valeria Bruni Tedeschi qu'on voit elle aussi quelques secondes. Mais rien que pour ce dernier quart d'heure, et le dernier plan sublime sur Juliette Binoche prouve que le film a raison d'exister.

Après, je comprends que c'est un film qui peut agacer, qui se place dans un univers bobo, que c'est un style extrêmement littéraire où les acteurs ont de longues tirades, mais quelque part, la détresse affective de Juliette Binoche m'a touché, et cette dernière partie avec notre Gégé. Mais pour jouer la défense des mecs, tous ne sont pas comme ça, et encore heureux !

Boubakar
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le 23 juil. 2019

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Boubakar

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