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Two distant strangers est un court métrage nominé aux Oscars 2021 sur le thème du racisme et des violences policières aux USA.
Le pitch Carter un afro américain de 20 – 30 ans dessinateur de BD veut rentrer chez lui après avoir passé la nuit avec Perri. Seulement dès qu’il sort de l’immeuble, il croise L’officier Merk qui le tue inlassablement à chaque fois. Carter est condamné à revivre les derniers moments de sa vie en boucle.
N’étant pas un connaisseur des courts métrages qui habituellement sont nommés aux Oscars, je ne porterai aucun jugement sur son mérite d’être ou non nominé. Par contre ce qui est sûr c’est qu’il sort en pleine période Blacklivesmatter et en plein procès de la mort de Georges Floyd ce qui fait de lui un court métrage avec un message politique et avec un vrai écho dans l’opinion public. Du coup, Difficile d’en faire une analyse totalement objective sur ses qualités intrinsèques et non sur le message qui véhicule.
Pour ma part, la réalisation est plutôt bonne et l’interprétation des protagonistes l’est aussi. Par contre, je trouve très pertinent le choix d’avoir choisi l’angle d’une boucle temporelle pour traiter le sujet.
La boucle temporelle façon « Un jour sans fin » est très symbolique car elle représente cercle vicieux de la violence et du racisme que subit la communauté afro américaine depuis des décennies. Cette boucle représente ce côté infini de ces problématiques qui quoi que l’on fasse, quoi que l’on dise, quelle que soit les gouvernements ou quelque soit les lieux, tout semble se répéter sans jamais pouvoir en sortir.
Ainsi le personnage de Carter va donc essayer de sortir de cette boucle de diverse manière. Il va d’abord subir en coopérant avec le policier, puis il va tenter l’esquive et la fuite, puis il va tenter la rébellion. Toutes ses tentatives sont bien sur soldées par un échec. Cette partie du court métrage tente de montrer que Carter qui représente la communauté afro américaine est démuni face à cette violence et que l’on soit un honnête citoyen jeune ou moins jeune ou que l’on soit en rébellion ou fuite, l’issu est toujours la même. Cette partie-là du métrage est plutôt intéressante et le message est clair.
La seconde partie du métrage est pour moi la plus intéressante et surtout la plus pertinente. Dans cette partie, Carter va arrêter de subir et va essayer d’aller à la rencontre du policier. Il va essayer de discuter, d’apprendre à la connaitre, il va essayer de désamorcer le conflit. Dans cette phase, on va apprendre à connaitre le policier, connaitre ses idées, sa psychologie. S’en suit une longue discussion entre le policier et Carter dans la voiture. On apprend effectivement que le policier est raciste mais il est par défiance et par ignorance vis-à-vis de la communauté afro américaine. On apprend que c’est un conservateur qui s’est engagé dans la police par idéologie car il pense que le pays est en déclin.
La relation entre Carter et Merk devient intéressante car tout deux apprennent l’un de l’autre et que même si Carter continuera à avoir peur de la Police et que le policier continuera à être raciste, le message qui est véhiculé est que l’on peut malgré tout trouver un terrain d’entente par la communication et un discours apaisé. Cette partie-là du court métrage est vraiment celle où le message véhiculé est plus fort car il représente finalement la vraie vie. C’est-à-dire que dans le monde, les gens sont différents et beaucoup ne s’aiment pas, voir se détestent. Souvent cette haine est liée à l’ignorance et l’incompréhension de l’autre mais finalement on peut arriver malgré tout à cohabiter en passant par le dialogue et la non-violence.
Ce qui nous amène à la troisième et dernière partie du film. Pour ma part, le métrage aurait dû s’arrêter à la fin de la seconde partie car la troisième partie vient un peu tout gâcher. La troisième partie constitue l’épilogue. Lorsque Merk et Carter se disent au revoir et se serre là main.
La scène où les deux protagonistes se serrent la main est fortement symbolique car elle vient appuyer le sentiment d’une forme d’accord entre les deux parties. Tous les deux sont conscients qu’ils ne s’aiment pas et qu’ils ne souhaitent pas se revoir mais en se serrant la main, il y a une forme de pacte de non-agression ou du moins de trêve entre ces deux camps que tout oppose.
Et c’est la suite qui vient tout gâcher. Carter s’éloigne du policier en lui tournant le dos en se disant qu’il est enfin sorti de la boucle, qu’il a enfin rompu le cycle de la violence mais c’est à ce moment là que le policier va se révéler en lui avouant que lui aussi est dans la boucle et qu’il est heureux de le tuer à chaque fois et il finit par tuer Carter d’une balle dans le dos. Un tir dans le dos, sur une personne rentrant chez elle, la musique dans les oreilles. Là aussi, c’est très symbolique car c’est une image qui revient régulièrement dans les médias lors qu’il y a des faits de cette nature.
Le film se termine là-dessus avec une liste non exhaustive des personnes ayants perdus la vie après qu’un policier leur ait tiré dessus.
Alors pourquoi cette fin gâche pour moi le message véhiculé. Principalement car il brouille justement le message. Jusqu’à présent le message montrait les victimes, ce qu’elles subissent. Il montrait le côté infini et presque inéluctable de ce racisme et de ces violences. Enfin il montrait un message positif sur le dialogue et la non-violence.
La fin prête à plusieurs interprétations et pas forcément très positive et surtout la fin devient un message 100% politique et partisans et totalement clivant.
Comment interpréter le meurtre de Carter par le policier à la fin.
1- Quoi que fasse un afro américain, il finira par être tuer dans la rue, s’il croise un flic ?
2- Tous les flics blancs sont racistes et des meurtriers en puissance ?
3- Les policiers sont pervers car ils sont prêts à vous amadouer pour mieux tuer ou vous faire souffrir ?
4- La boucle de violence est immuable car les policiers ne peuvent pas changer ou évoluer ?
Il y a d’autres manières de voir la fin, ce n’est pas exhaustif.
Le problème de cette fin, c’est qu’elle pousse à mettre en perspective ce qui a été dit durant tout le métrage et d’un seul coup, cela fait émerger tous les clichés et raccourcis qu’a pris le réalisateur. Carter est un jeune afro américain plutôt beau gosse, qui a réussi dans la vie et dont la vie est sur les bons rails. Il a son appartement, une petite amie ravissante. Le flic apparait comme une caricature. Blanc, crâne rasé, la bonne quarantaine avec des idées rétrogrades.
Du coup, le film ne se contente plus de dénoncer mais il choisit d’être partisan et accusatoire envers les policiers qui pensent être tous racistes et meurtriers. Pour ma part, je n’adhère pas à cette vision-là.
Dans mon analyse, je n’ai pas parlé des personnes qui filme la scène de violence policière mais qui n’interviennent pas. Bizarrement la personne qui filme est une personne hispanique, autre communauté qui n’est par forcément très bien perçu aux Etats Unis. Faut il voir une sorte de manque de solidarité entre communauté ?
Bref, quelle note donnée à ce court métrage qui est malgré tout très intéressant sur le sentiment d’insécurité d’une partie de la population en Amérique.
Je dirais 14/20 car cette fin me gâche beaucoup de choses. Mais c’est à voir, cela dure 35min et c’est très bien fait.

lacasadejohn
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le 1 mai 2021

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