Manuel d’apprentissage – Jour 9

--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au neuvième épisode de la quatrième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_2_King_Crocs/2478265
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---

Moi et mes jeunes avons beaucoup travaillé, beaucoup réfléchi, et nous méritions une pause. Surtout, il fallait que l'on fasse le point, qu'on ai une journée dans laquelle on n'apporterai pas une nouvelle source de questionnement, pas de nouveaux problèmes, pas de nouvelles pistes. Une journée vide. Ce qui est formidable dans le mois-monstre, c'est que quand on veut une journée inintéressante comme celle là, on peut quand même regarder un film, si on le choisit bien. Je prenais un risque cependant. Minime, c'est certain, car toutes les critiques étaient unanimes vis-à-vis de la mauvaise qualité du film que j'avais choisi, mais un risque tout de même, car il était la suite d'un film que j'avais réussi à apprécier lors du premier mois vampire. Certainement Blade 2 ou Underworld 2 auraient été des valeurs de médiocrité encore plus sures. Mais c'est Twilight 2 que j'ai choisi de regarder avec toute ma meute et quelques paquets de chips. Et heureusement, le film était à la hauteur de sa réputation : pas bon du tout...
Je ne suis pas sure que noter toutes les erreurs que commet ce film n'apporte alors quoi que ce soit au débat. Quand j'étais seule contre tous à soutenir le premier du nom, oui, j'avais l'intérêt de clamer et d'argumenter, et de prolonger ma critique. Puisque j'étais l'une des rares à avoir un point de vue différent, je me disais qu'il pouvait être intéressant de le partager. Mais là, à quoi bon, puisque je suis de l'avis de l'écrasante majorité. D'autres auront fait des critiques bien plus drôles ou bien plus intelligentes que la mienne. Mais bon, puisque je suis là pour ça, alors allons-y : La musique est nulle, l'histoire inintéressante au possible (je soupçonne même une double médiocrité : du roman de base et de l'adaptation), et appuyée en plus sur un rythme désastreux. Les personnages rivalisent d'une stupidité accablante et tentent de compenser en jouant stupidement de leurs charmes. Et vas-y que je me ballade torse nu, et vas-y que je te lance des regards langoureux, et vas-y que je marche au ralenti. C'est une surenchère absurde qui en devient risible.
Quel dommage pourtant car malgré tout le lancement était plein de promesses. Je ne reviendrai pas sur mon appréciation du premier, qui me mettait finalement plutôt dans une posture favorable avant visionnage (même si je n'avais en fait que très peu de souvenirs de ce film que j'ai vu il y a déjà quatre ans). Mais surtout, la scène de rêve qui ouvre ce deuxième opus n'est pas si bête que le reste : elle montre joliment, sans essayer de nous tromper sur la nature onirique de ce que l'on voit, la terreur légitime de Bella de se voir vieillir tandis que son amant restera lui éternellement jeune. C'est un soucis qui a traversé l'histoire des vampires au cinéma, et on ne peut pas reprocher à Twilight 2 de reprendre ce questionnement, assez subtilement et joliment qui plus est. Dommage aussi car malgré leur stupidité insultante pour moi et ma meute, les loup-garous ne sont pour une fois pas cet horrible monstre humanoïde velu et bavant que l'on voit habituellement dans les films traitant le sujet. Ils sont ce que nous sommes : simplement de très gros loups plus inquiétants et plus puissants que les vrais.
Finalement, entre deux tranches de rire face à l'inutilité de ce film, c'est une leçon d'espoir que je délivre à mes loups ce soir : Réjouissons nous de ne pas être le premier choix de Bella. Réjouissons-nous de ne pas être la créature vedette des adolescents mal dans leur peau. Nous ne sommes pas comme les vampires. Nous sommes peut-être plus subtils, plus difficile à discerner, d'où la préférence des croyances pour nos cousins. Peu importe, et même tant mieux. Si la culture veut bien nous laisser dans l'ombre, restons-y avec délice, tandis que les vampires continueront de lutter éternellement contre leur gloire indésirée. Ça ne veut pas dire qu'aucune œuvre ne sache nous rendre hommage. Si vous voulez vous lancer des fleurs mes petits mousses, vous pouvez toujours regarder Les enfants loups Ame et Yuki, lire Notre-Dame des Loups, jouer à The Wolf Among Us. Et je vous les conseille avant tout comme œuvres, et non comme œuvres à thème. Laissons le fardeau des fantasmes à nos cousins, et laissons-les s'en vanter ou s'en plaindre. Nous sommes au-dessus de ça. Et nous n'avons pas besoin d'eux pour exister. Nous pourrions simplement coexister pacifiquement. Pourquoi nous battons nous au juste ? J'espère que nous ne nous battrons jamais pour une raison aussi stupide que le cœur de Bella. Si les vampires se sont noyés dans leur propre image sur grand écran, ne nous laissons pas gagner par cette même folie. Ce que nous réserve le grand écran n'en vaut pas la peine pour notre espèce. Nous n'avons aucune raison de nous battre. Que je ne prenne aucun d'entre vous à ouvrir les hostilités ou c'est moi qui l'achèverai de mes crocs. Simplement, soyons préparés à recevoir des coups, et prêts à les rendre au centuple.