Turning Gate est encore une fois un vrai beau film. On suit encore une fois un artiste, un acteur, dont le premier film a bidé et qui accepte l'invitation d'un ami à venir lui rendre visite... Et là on deux parties distinctes, puisqu'il va rencontrer deux femmes, ainsi chaque femme a en gros la moitié du film qui lui est consacrée (enfin une moitié consacré à leur relation avec le héros pour être plus exact) et les deux parties vont résonner entre elles comme ça peut être le cas dans d'autres films de Hong Sang-soo au découpage scénaristique plus marqué (la vierge mise à nu par ses prétendants, In another country...)


Et je dois dire que je suis séduit. Séduit par le film, séduit, comme le héros, par ces deux jeunes femmes qui reconnaissent l'acteur et qui entreprennent un petit numéro de charme plus ou moins innocemment. Et c'est ça qui est intriguant dans le film, de voir comment deux relations avec deux femmes différentes mais qui toutes les deux avaient un peu le béguin pour lui peuvent évoluer, se ressembler, mais aussi différer.


Puis, comme souvent chez Hong Sang-soo on ne prive pas le spectateur de l'amertume des relations humaines en général et des relations amoureuses en particulier. Et c'est de là que va naître en partie la beauté du film, nous ne sommes pas une relation idyllique, il y a des non-dits, des promesses non-tenues... Le tout sublimé par la mise en scène de Hong Sang-soo qui commence déjà à faire durer ses plans fixes afin de retranscrire l'intégralité (ou presque) d'une conversation (du moins déjà plus que dans La vierge...). Il naît de son cinéma une sorte de beauté de la banalité, il n'est jamais poseur, mais on a toujours, par exemple, de jolies ruelles qui sont filmées donnant juste envie, nous aussi, d'arpenter ces rues, de prendre le ferry pour aller voir cette fameuse "Turning Gate". Malgré la mélancolie certaine qui peut se dégager de certaines scènes, on sent que l'univers qui nous est peint est agréable.


En somme, j'aime encore une fois la vision des relations amoureuses présentée par Hong Sang-soo, où de belles coïncidences ne font pas nécessairement les belles histoires et surtout il n'oublie pas que ces relations peuvent également être très amères. C'est la force de son cinéma, ici les personnages passent par différents états, états que l'on peut comprendre, il y a une réelle empathie qui se développe.

Moizi
8
Écrit par

Créée

le 22 avr. 2020

Critique lue 1.2K fois

8 j'aime

3 commentaires

Moizi

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

8
3

D'autres avis sur Turning Gate

Turning Gate
Caïn_Hamilton
9

Matins calmes

Les films de Hong Sans-Soo ont très bien pu me captiver comme m'ennuyer terriblement. Celui-là fait partie de la première catégorie. Car la façon dont le cinéaste parvient à construire son film est...

le 2 juin 2015

10 j'aime

Turning Gate
Moizi
8

Deux pour le prix d'une !

Turning Gate est encore une fois un vrai beau film. On suit encore une fois un artiste, un acteur, dont le premier film a bidé et qui accepte l'invitation d'un ami à venir lui rendre visite... Et là...

le 22 avr. 2020

8 j'aime

3

Turning Gate
IllitchD
8

Critique de Turning Gate par IllitchD

Turning Gate (2002) de Hong Sang-soo tient son titre d’une légende, celle d’un amour tragique. Lieu touristique que Gyung-soo part visiter avec son vieil ami avant de se retourner et s’en aller :...

le 13 déc. 2012

7 j'aime

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Moizi
2

Vos larmes sont mon réconfort

Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...

le 21 déc. 2019

487 j'aime

48

Prenez le temps d'e-penser, tome 1
Moizi
1

L'infamie

Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...

le 29 nov. 2015

303 j'aime

146

Le Génie lesbien
Moizi
1

Bon pour l'oubli

Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...

le 4 oct. 2020

240 j'aime

61