Qu’est-ce que c’est bon d’aller au cinoche en se disant qu’on va sans doute tomber sur un bon film assez méconnu qui plus est, et de ressortir avec un grand sourire aux lèvres parce qu’on a vu un film absolument magnifique. C’est ce genre de surprise qui rend si excitante une carrière cinéphilique et comme vous l’aurez devinez Tuez Charley Varrick en est un parfait exemple.
Vu de loin on dirait un petit film de gangster sans doute bien torché parce que Siegel n’est pas manchot (il réalise l’inspecteur Harry l’année d’avant quand même), mais pas de quoi non plus se relever la nuit. Détrompez-vous, ce modeste film noir sans star, se déroulant sous un soleil brulant (c’est assez rare pour être souligné) est un modèle du genre, alignant comme si de rien n’était les morceaux de bravoures.
Ça commence par un braquage pas banal dans une petite banque du midwest américain, des quatre personnes qui y participent deux sont butés dont la femme de ce brave Charley, trois flics mordront aussi la poussière. En une scène magistralement menée Siegel balance de l’hémoglobine et pose le ton de son film, on est dans un entre deux, c’est à la fois un fiasco et une réussite, les malfaiteurs s’attendant à trouver quelques milliers de dollars récoltent finalement 750 000 milles dollars, seul hic, cet argent appartient à la mafia, commence donc une traque…
Tout ce qui va se développer ensuite est passionnant, des hommes se retrouve face à une évidence, celle de la violence et il leur faudra l’affronter. On est toujours trop nombreux quand il y a des dollars en jeu, il faut dégraisser, Siegel le fait à sa manière dans la mise en scène qui alterne temps fort et temps faible prodigieusement, il y a une vraie rythmique, rappelant une ballade, dans la narration, pourtant il s’en passe des choses. Passionnant Tuez Charley Varrick l’est, mais c’est avant tout un film jubilatoire, c’est un panard dément d’assister à ce jeu du chat et de la souris saupoudrer d’ironie grinçante et de portrait d’homme singulier.
Un vrai bonheur, j’ai bien du mal à comprendre pourquoi on ne parle plus souvent de ce merveilleux film.
PS : Bonheur décuplé par ma solitude dans la salle, on a projeté Charley Varrick just for me et ça c’est cool.
Biniou

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