Qu'il est dur d'écrire sur un film quand on veut, viscéralement, lui trouver davantage de qualités que de défauts. Tueurs est un film qui m'inspirait la sympathie dès le départ, véritable film de gangster (écrit et réalisé par un ancien du milieu qui plus est) dans un paysage cinématographique belge francophone bien terne, frileux dans le domaine du "genre" à de très rares exceptions près. Un casting sympa ponctuait un film coréalisé et photographié par le très bon Jean-François Hensgens. La promesse de bousculer les codes, les spectateurs belges, ouvrir la voie à une nouvelle génération d'auteurs qui pourraient enfin réaliser des films qui ressembleraient à ce qu'ils regardaient enfants, et non plus être obligés de répondre aux dictats de quelques festivals pour qui cinéma belge = social, surtout quand les leaders de ce marché sont inimitables.
Hélas ! Tueurs est un échec, avec un Bouli Lanners en roue libre, des dialogues insipides, des situations rocambolesques, des personnages caricaturaux, et une intrigue qui ne tient pas la route plus de vingt minutes. Si les réalisateurs plagient (un synonyme de "rendre hommage") allègrement la scène d'intro de Heat, Troukens n'a pas la rigueur narrative d'un Michael Mann : passés les vrais moments de truands, le film ne raconte rien, n'avance pas, s'embourbe dans la mélasse qu'il autogénère à force de poncifs, de clichés et de choses vues mille fois ailleurs, en mieux.
Il y a bien une esthétique, grâce à Hensgens, et un Gourmet correct, mais ça s'arrête là. Et, quelque part, le rêve d'une mini-révolution qui n'a pas eu lieu, et l'amertume de devoir encore attendre un peu avant de découvrir l'Arthur Penn belge et son Bonnie & Clyde...