Jerry Mitchell (le bon) vs Buddy Revell (la brute)

Au début des années 80, Phil Joanou a l’occasion de réaliser son premier film avec la bénédiction de son mentor Steven Spielberg, dont il est le tout jeune assistant. Ce sera Trois heures, l’heure du crime (Three O’Clock High), une comédie déjantée qui raconte la journée d’un lycéen persécuté par une brute caractérisée. Boudé à sa sortie, ce teen movie original ne manque pourtant pas d’arguments.


Teen movie
Jerry est un lycéen discret, très apprécié dans son école. Il s’occupe de la boutique étudiante et compte parmi les rédacteurs du journal de l’établissement. Bien involontairement, il se met à dos Buddy, un nouveau particulièrement irascible. Ce dernier donne rendez-vous à Jerry à la fin des cours pour régler le litige aux poings. L’issue du combat ne faisant aucun doute, Jerry va passer le peu de temps qui lui reste à chercher une échappatoire. Les jeunes acteurs sont excellents, notamment les deux rôles principaux : Casey Siemasko en nerd dépassé par les événements et Richard Tyson dans un personnage d’affreux très réussi. Le reste du casting ne dépareille pas, une galerie de figures tout ce qu’il y a de plus loufoque.


Clins d’œil à gogo
Avec ses plans à répétition sur des horloges et son compte à rebours faussement dramatique, Three O’Clock High s’apparente à un High Noon mais inversé, Jerry se caractérisant davantage par sa lâcheté que par son courage. Quant aux emmerdements qui s’abattent sur lui en escadrille, ils rappellent le After Hours de Scorsese sorti deux ans plus tôt. Des références parfaitement assumées par Joanou qui n’en reste d’ailleurs pas là. Le film est en effet truffé de clins d’œil cinématographiques, du western aux films d’horreur, du film noir au dessin animé en passant par la comédie romantique ou le film érotique. Au grand désespoir de Spielberg, producteur du film, qui attendait un nouveau Karaté Kid !


Premier film
Cette première réalisation fut un véritable terrain de jeu pour le futur réalisateur des Anges de la nuit. Phil Joanou et son équipe, libres comme le vent, se sont autorisés toutes sortes d’audaces dans un genre cinématographique souvent formaté. C’est une des excellentes surprises de cette œuvre a priori mineure : une mise en scène ludique et souvent déjantée. Les mouvements de caméra originaux, le travail sur le cadrage ou tout simplement la dynamique du récit contribuent à faire de ce film un objet beaucoup plus intéressant que l’impression qu’il peut donner. À découvrir donc.


7.5/10


Critique publiée initialement sur le MagduCiné

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le 27 août 2021

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Theloma

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