Travail au noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir...

Quatre polonais se rendent à Londres, sur ordre d'un de leurs compatriotes. Ce dernier leur demande de retaper, au noir, sa maison, et nomme comme contremaitre le seul qui sache parler anglais, en échange d'une fortune pour ces gens venus de la Pologne. Cependant, l'état d'urgence va être décrété dans le pays, et le contremaitre va décider de cacher l'information à ses collègues de travail, en plus de faire face à des problèmes techniques et financiers.


Le travail au noir est rarement montré au cinéma, et Jerzy Skolimowski fait le portrait d'un homme qui agit de façon immorale mais qu'on peut trouver attachant sur le fait de travestir la réalité. Ce contremaitre, joué par un formidable Jeremy Irons, jongle sans arrêt avec les soucis, vole dans les magasins en inventant une supercherie, doit gérer ses ouvriers quitte à ce qu'ils ne sortent plus de la maison dans laquelle ils travaillent, leur cache la vérité sur la révolution politique qui se passe en Pologne au même moment, car il est le seul à parler anglais... sans oublier Anna, sa fiancée dont il n'a qu'une photo et qu'il pense tant à elle qu'il croit qu'elle se trouve elle aussi à Londres.


C'est tiré d'une réalité vécue par Jerzy Skolimowski (qui avait également refait sa maison londonienne au noir par des ouvriers polonais), avec le même fait politique, et l'urgence fut telle que le film sera entièrement fait, du scénario à la sortie, en quatre mois seulement ! Ce qui se ressent dans la technique, mais aussi dans l'histoire, où les conditions d'hygiène et de sécurité de ces ouvriers sont déplorables, ils n'ont pour seul loisir qu'une télévision, et aucun contact avec l'extérieur.
C'est un film assez difficile, qui parle aussi bien de la Pologne de 1983 que de l'Angleterre de cette époque, où l'étranger est vu comme une anomalie, une bête curieuse, aussi bien par les employés de la supérette du coin que par les voisins, proche de ce qu'aurait pu faire Ken Loach. Mais Jerzy Skolimowski parle indirectement de lui, de son pays, où l'espoir n'existe pour ainsi dire pas du tout, mais tout ça à travers Jeremy Irons, dont l'accent polonais est vraiment bluffant quand on compare aux autres acteurs qui sont vraiment du cru.


Travail au noir est un film assez impressionnant, qui pointe du doigt une réalité sociale, et une terrible époque à l'ère du communisme.

Boubakar
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le 15 nov. 2019

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Boubakar

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