Parfois, ça ne tient pas à grand-chose de se lancer dans un film. Parfois ça tient juste à un message de ton meilleur pote qui t’envoie la bande annonce d’un film en te faisant comprendre, car il sait que t’aimes les films WTF, qu’il a trouvé la bande annonce d’un film WTF qui pourrait te plaire. Et là, je me dis « Hey mais je l’ai en stock ce film ! ». Et comme c’était l’heure de la pause de midi et qu’il collait parfaitement niveau durée (1h26 au compteur), ni une ni deux, c’est parti pour Transmutations, titre VF complètement à chier comparé au titre original, Hell Comes to Frogtown, bien plus représentatif et adéquat lorsqu’on a vu le film. Bon, le problème, c’est que je m’embarque dans une nouvelle saga puisqu’il y a 4 opus Frogtown s’étalant de 1988 à 2002. Il y a Frogtown II (1992), Toad Warrior (1996) et Max Hell Frog Warrior (2002). Et que je n’ai pas encore fini celle du Roi Scorpion. Mais tant pis, les règles sont faites pour être transgressées, surtout lorsqu’il s’agit de bisseries. Alors c’est parti pour une nouvelle aventure !


En guise de héros, ou plutôt d’anti-héros, on retrouve Roddy Pipper, catcheur de son état qui délaisse un peu le ring (enfin, pas complètement) pour s’essayer au métier d’acteur. Il trouve ici son premier vrai rôle et ce malgré sa dégaine pas possible avec sa coupe de cheveux qui frôle le ridicule et son envie de déconner plus que de réellement jouer. Il se murmurerait qu’il a un peu atterri ici par hasard, mais il fera son petit bonhomme de chemin dans la série B musclée dans les années 90 après avoir tout de même joué dans le « Invasion Los Angeles » de John Carpenter en 1988. Hell Comes to Frogtown nous présente un scénario con comme ses pieds, avec cette histoire de 70% d’hommes décimés par la guerre et le reste de la population étant devenue, pour la plupart, stérile. Du coup, ceux qui ne le sont pas sont recherchés et bim, Sam Hell (Roddy Piper donc) a un taux de spermatozoïdes méchamment élevé. Pas étonnant qu’il soit condamné pour avoir fait des choses pas très catholiques avec des jeunes filles. Et il est réquisitionné par l’armée pour féconder des femmes non stériles. Sauf qu’elles ont été kidnappées par les mutants, des hommes crapauds, qui demandent une rançon. Et pour pas qu’il s’échappe le Sam Hell, on lui a mis une sorte de ceinture de chasteté électronique qui peut exploser ou lui causer des douleurs atroces aux testicules, même si le but au départ est de garder ses bobolls à l’abri histoire qu’elles ne s’abiment pas sur la route. Et en tant qu’homme aux testicules fonctionnelles, toutes les femmes ont envie de lui sauter à la braguette car comme l’un des personnages le dit : « Le mâle se fait si rare ces dernières années, les femmes sont en manque ». Donc lorsqu’on lui dit de se mettre en tenue de travail, il se met à poil. Le scénario est ce qu’il est, plein de facilités, d’incohérences parfois également, mais bien dans le ton du film, celui de la déconnade. La déconnade, on la retrouve également dans le jeu de certains acteurs, en particulier dans celui d’un Roddy Piper tout fou-fou qui semble très content d’être là, tout en grimaces et en sourires en coin, d’autant plus qu’on lui a dit qu’il allait devoir tripoter de jolies minettes. Il a dû se dire qu’elle était belle la vie d’acteur.


En face de lui, la jolie Sandahl Bergman qui après ses rôles dans Conan, Kalidor ou encore SHE, fait encore office d’atout charme. Son duo avec Piper fonctionne bien et certains de leurs dialogues sont tout bonnement improbables, avec des punchlines pas piquées des hannetons que les acteurs s’éclatent à balancer sans réellement se prendre au sérieux. Mais nous ne sommes pas ici dans un nanar, non, tout semble volontaire avec plein d’humour et de scènes complètement cons. On est dans une série B de SF comique, parfois à la limite de la parodie. On aurait par contre préféré que le scénario assume jusqu’au bout son idée de devoir repeupler le monde plutôt que de prendre le chemin plus classique des midinettes à sauver de sa deuxième moitié, mais l’ensemble reste malgré tout divertissant. Bien que le ton du film ne soit pas sérieux avec son ambiance bien délirante, le film en lui-même est fait justement avec sérieux. Il suffit de voir les maquillages pour s’en convaincre et même la mise en scène, bien que plan-plan, est plutôt propre. Les masques / animatronics des hommes-crapauds sont très travaillés et le rendu est crédible. Leur aspect gluant est bien retranscrit et même si l’on sait parfaitement qu’il s’agit juste d’humains avec un masque sur la tête, ça fait plutôt le job. On sent d’ailleurs qu’ils en sont fiers car ils n’hésitent pas à les montrer sous tous les angles et en gros plan. Bien que la carrière de réalisateur de Donald G. Jackson ne semble pas des plus reluisantes, avec des films oscillant la plupart du temps entre 2 et 5/10 sur IMDB, force est de constater qu’avec Transmutations / Hell Comes to Frogtown, le job est fait et il sera difficile pour les amateurs de séries B à tendance bisserie de ne pas succomber à un scénario aussi crétinement fun où les femmes militaires sont formées aux techniques de séduction et où les hommes crapauds ont besoin qu’on leur fasse une danse sexy pour être durs du poireau. Difficile de ne pas se marrer devant le côté improbable de cette entreprise toute entière qui avec ses 1.5M$ de budget, dont seulement 12000 alloués aux effets spéciaux, a tout compris à ce qu’elle devait être. Non, ce n’est pas du grand cinéma, mais que c’est divertissant !


Transmutations, Hell Comes to Frogtown en VO, est une série B à tendance Z des plus divertissantes, qui ne se prend jamais au sérieux pour le plaisir de la déconne. C’est fun, les acteurs s’amusent, nous avec, what else ?


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-transmutations-de-donald-g-jackson-1988/

cherycok
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le 14 mars 2024

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