Booba n'est pas dans le film. Kémi Seba non plus.

Un faux documentaire qui peine à dérouler une narration cohérente en transcendant son concept de films à sketchs. Par ailleurs les guests jouent leur propre rôle mais avec un décalage étonnant pour certains, ce qui donne l'impression que le film ne trouve pas son ton entre comédie burlesque et recherche d'authenticité par son format. On y croit pas et c'est ce qui plombe irrémédiablement l'oeuvre de Jean-Pascal Zadi d'un point de vue narratif.


En reste une démarche attachante, sincère, avec un vrai capital sympathie. Si elle crée un décalage parfois malvenu dans ce qui devrait constituer une cohérence entre le format et le ton, l'autodérision dont regorge le film est une bonne chose du point de vue du propos. En effet, les questionnements sempiternels sur le communautarisme (ethnique ou non), sa légitimité, ses dérives et impasses dialectiques, sont souvent traités pompeusement, de manière partielle, voire partiale lorsque l'auteur assume un propos précis qu'il déroule sous la forme d'un plaidoyer.
Ici, ces questions sont posées au spectateur par le biais de caricatures, situations ou personnages absurdes ou grotesques. D'aucuns pourraient penser que cet excès de dérision empêche de traiter le sujet à fond et minimise son importance. Je pense au contraire que le film ne prend pas ses spectateurs pour des imbéciles, et se contente honnêtement de proposer des pistes et justement de nous remettre en question, quel que soit notre positionnement initial sur le communautarisme noir, et le communautarisme plus largement, évidemment.


Mais est-ce que c'est drôle? Pas toujours. Les sketchs sont assez inégaux, il faut bien le dire, en partie à cause de cette frontière entre réalité et fiction pas bien définie. C'est Zadi qui finalement s'en tire le mieux avec son personnage malaisant, décalé, et ses regards caméras. La fausse bande annonce avec Sams et Ahmed Sylla est également un très bon moment d'humour, tout comme la passe d'armes entre Fabrice Eboué et Lucien Jean-Baptiste.


Le tout aurait gagné à aller peut-être plus loin dans l'humour transgressif, tout en proposant un format cohérent pour que le spectateur soit un peu moins perdu.

Michel_Vaillant
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le 14 juil. 2020

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Michel_Vaillant

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