Dieu dit à Hélène de s'égarer...

Dieu dit à Hélène de s'égarer. Et Hélène Ségara...

Ce film de Hélène Angel,

(mais l'est-elle vraiment ?)

... m'a surpris très agréablement et changé de la grisaille routinière des films neuneus que le service public nous sert habituellement, sans rire, et de préférence pendant les vacances où on a le temps de regarder la télé. Merci.

Dommage ce titre-bateau, usé et éponyme : manque d'imagination ?

Tout d'un coup, d'un seul coup d'un seul, Angel, qui commit sa première réalisation il y a bien longtemps, (en 1995 un court métrage) nous sort deux films en même temps...

dont celui-ci est assez surprenant, avec un scénario de Olivier Norek, ex-flic repenti...

Comme Olivier Marchal : au bout de quinze années dans la police, le démon littéraire le surprend et il se met en congé de disponibilité pour écrire : on n'est jamais trop prudent..

Nous narre-t-il (comme l'autre) son propre rôle ? Je suis toujours méfiant vis à vis de ces gens qui veulent nous raconter leurs histoires professionnelles de chiens écrasés : le spectateur a envie de voir autre chose que "huit heures dans la vie d'un flic". Bref, les scénaristes genre littéraire n'ont qu'à bien se tenir : la maréchaussée en reconversion déboule sur la planète cinéma.

Alors, Angel et Norek : le mariage de la carpe et du lapin ?

Toujours est-il que voir débouler dès les premières minutes Nicolas Marié dans le casting s'annonçait comme un heureux présage... L'acteur, 68 ans en 2022; a une palette de talents telle, de mimiques, de comiques de situation qu'il tourne et joue comme un malade...

Pour la télé, le cinéma, mais aussi sur les planches... où il adore se produire...

Seconde bonne surprise : Nicolas Errèra qui signe la musique... Et met un peu d'entrain à cette ambiance poussiéreuse de bouquiniste qui en manque singulièrement (de l'ambiance, pas de la poussière)

Assister de plus à la vision d'une belle fille (Joséphine) tétanisée et en pâmoison devant un ordinateur, n'a rien de très excitant cinématographiquement parlant : on voit ça à longueur de journée dans des bureaux qui ne produisent pas grand-chose côté usines !..

Plus personne n'est capable de bosser sans cette prothèse, voilà que ça envahit les écrans !

"Mission impossible" était quand même d'un autre niveau si c'est ça que Angel a voulu ressusciter...

Cette bonne musique d'Errèra par contre, ça m'a rappelé cette époque où Polydor avait lancé Colette Dereal dans "Les cinq dernières minutes" (série avec le commissaire Bourel), et ça avait fait ce tube étonnant à l'époque du yé-yé :

"surtout ne joue pas, "

"ah, ah, ne joue pas avec l'amour.."

Si quelqu'un pouvait me tuyauter sur le moyen d'écouter la bande musicale du film, ce serait sympa ! Merci d'avance.

Le scénario est très (trop) pantouflard, souvent (trop) à huis-clos, trop souvent lyonnais... Commodités personnelles du plateau ?

Peu d'extérieurs : on est bien loin de la bougeotte des Maigret, Cremer fouinant partout : gares, écluses (n'oublions pas non plus ceux de Jean Richard, Gabin et autres...)

Ici, malgré le manque de grand air, de nature, miracle, la mayonnaise prend et on se laisse entraîner par ce récit, plaisant à suivre même si on se "fout" complètement de l'intrigue bidon : Elbaz n'a qu'à se démm... pardon, débrouiller...

J'ajoute que mon jugement, pour une première vision, est d'une gentillesses exceptionnelle, et tient compte de la médiocrité TV ambiante actuelle, car que de défauts, mais s'il devait s'agir d'un pilote de série, j'aurais un jugement bien plus sévère.

Toute cette histoire est trop formatée, informatisée, pas assez marrante, et voir Joséphine de Meaux gaspiller son talent, comme robotisée par son ordinateur m'a fait peine ! Je me suis aussi interrogé : pourquoi Valérie Bonneton qui aurait pu mettre sa bonne humeur au service du film, et habituelle complice de la réalisatrice, n'était pas à l'appel ?

Dans le casting, le meilleur (Marié, Pasquale d'Inca...) côtoie le pire ! (Mariana Gueye)

Ah cette gueule de cinéma silencieuse de "Totem", quelle trouvaille !

Et ce dialogue de Nicolas ! "J'ai confiance en la justice de mon pays !"

Sublime et inattendu dans son contexte.

Mais dans le jeu du chat et de la souris, (du gendarme et du voleur si vous préférez) qu'il mène avec Vincent, on dirait Marié le chat ! Jouissif...

Mais quelle idée de lui avoir infligé comme faire-valoir un Elbaz trop livré à lui-même qui semble irréel, déjanté ? Ah, elle est belle l'ex-police !

C'est cette image qu'Hélène veut nous montrer de la justice ? Des mythomanes ? Ce n'est du reste pas que Vincent n'est pas bon, c'est qu'il ne correspond pas au rôle, et que de toute façon, son personnage est bidon, fantomatique, et ne marche pas plus que celui du footballeur Cantona auquel on attribua le même genre de rôle voué à l'échec...

Et le personnage clé de l'histoire, le héros, devint Marié, mais pas Elbaz !

On est très loin de la sobriété de jeu des personnages, de Columbo ou Maigret, de leur recul, de leurs réflexions, professionnalisme... auxquels le film semble se référer !

On a ici la marionnette d'une vache landaise qui se prend pour un taureau de combat, et qui donne des grands coups de cornes contre un mur d'enceinte en planches, salvateur..

Le torero est derrière !

Ne faisons-pas de cet agréable divertissement d'une fois un pensum régulier, juste bon à nous vendre comme alibi une pub que de toute façon je n'achèterai pas !

Comme d'habitude, la presse de programmes s'est gargarisée, avec opportunisme et délectation, de l'audience (qu'y disent !) de cette première projection : pas étonnant !

Quand on voit ce que la concurrence proposait en face : rien ! En tout cas rien de comparable !

Or, à vaincre sans périls (...) Hélène : pourrait mieux faire ?

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RTS (Suisse) le 23.08.2022- la une (RTBF) le 28.08.2022- France 2 le 31.08.2022-20.03.2024-