Après avoir lu récemment "la terre qui demeure" de Claude Michelet (1965) qui racontait l'histoire de deux paysans attachés à leur terre qui faisaient face à un promoteur mais aussi à tout le village, j'ai voulu revoir "tout l'or du monde" de René Clair (1961) qui mettait en scène un paysan qui s'opposait aussi à un promoteur et au village dans son obstination de ne pas vouloir céder sa terre et ainsi empêcher le juteux projet immobilier de se réaliser.

Bien sûr, René Clair est sur un registre beaucoup plus comique que le romancier mais en définitive, l'objectif et le sens du film sont les mêmes dans les deux cas.

Surtout on se rend compte à revoir le film que René Clair raconte une histoire complètement actuelle, un brin satirique, avec les promoteurs aux dents longues qui usent de la publicité et des médias pour convaincre le public de l'intérêt du projet. Sauf que parfois, ces méthodes (médias et publicité) peuvent se retourner contre soi grâce à l'ingénuité des gens manipulés. Il faut bien qu'il y ait une morale favorable aux petites gens.

Bourvil interprète un triple rôle en jouant les personnages du père Matthieu Dumont, vieux paysan, acariâtre et têtu, son fils, Toine, qui garde les moutons et un autre fils parti faire fortune en Argentine. Bourvil retrouve un rôle de benêt (dans le personnage de Toine) mais un benêt qui finit par tirer son épingle du jeu. Evidemment.

Face à lui, le duo de promoteurs interprétés par un Philippe Noiret – jeune – et un Claude Rich – séduisant. Les deux jouent la partition comme tout bon marchand de foire qui se respecte. L'un (Claude Rich) rabat et l'autre (Philippe Noiret) concrétise (et empoche). Bref, de vraies crapules capables de tout pour leur juteux projet.

J'aimerais citer aussi le personnage de Rose qui joue le personnage de la serveuse du bistrot du village, secrètement amoureuse de Toine, le fils Dumont qui garde les moutons et qui n'ose pas lui parler. L'actrice qui tient le rôle est Annie Fratellini, la célèbre clown, qui ici joue un rôle très touchant.

Le film est plutôt bien monté avec des mouvements de caméras intéressants qui contribuent à une réalisation plaisante qui se laisse agréablement regarder. En particulier, je pense à la scène étonnante où le niveau des bouteilles de vin baisse à vue d'œil lors du banquet après l'enterrement du père Dumont…

Et puis, pour finir, Bourvil est vraiment un acteur qui possède un sens du comique tout en restant très attachant. Un film avec Bourvil c'est toujours bon à prendre …

JeanG55
8
Écrit par

Créée

le 6 mai 2022

Critique lue 101 fois

5 j'aime

JeanG55

Écrit par

Critique lue 101 fois

5

D'autres avis sur Tout l'or du monde

Tout l'or du monde
Noelle8
7

La fontaine de Jouvence

Scénario : tourné aux studios de Paris Studios Cinéma et dans le Lot-et-Garonne, ce film reflète déjà la hantise de la pollution et la quête de la tranquillité et du bon air de la campagne...

le 10 déc. 2014

5 j'aime

2

Tout l'or du monde
Fatpooper
6

Quand Bourvil fait son Martin Lawrence

Amusant. Pas extra, ce scénario, non pas que l'idée soit mauvaise, mais simplement que les scènes ne sont pas poussées assez loin sur le terrain de la comédie ; c'est gentil, on sourit, mais on ne...

le 25 mars 2021

2 j'aime

Tout l'or du monde
damdouss
5

Critique de Tout l'or du monde par damdouss

Même dans un film au scénario aussi convenu (des promoteurs immobiliers rachètent un village), Clair réussit un art du montage qui était sa marque de fabrique au temps du muet (la scène du film où le...

le 14 mai 2018

1 j'aime

1

Du même critique

La Mort aux trousses
JeanG55
9

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

le 3 nov. 2021

23 j'aime

19

L'Aventure de Mme Muir
JeanG55
10

The Ghost and Mrs Muir

Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...

le 23 avr. 2022

22 j'aime

9

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

21 j'aime

5