Thomas se rêvait grand journaliste mais il travaille au Courrier Picard, et n'écrit que sur des freaks locaux. Un jour, sa rédaction lui demande un portrait du chanteur Usé, élu récemment personnalité de l'année du journal, pour s'être présenté aux éléctions municipales en créant le Parti Sensible (un parti poétique, rêveur et déconnant) ayant récolté 2,2% des voix (tout ceci est vrai). Thomas rencontre donc Usé (le vrai, qui joue son propre rôle) et le temps d'une soirée ils deviennent amis. Mais lors de cette première soirée arrosée, ils découvrent un cadavre ensanglanté dans une ruelle d'Amiens. Avant qu'ils n'aient pu réagir, celui-ci ce réveil, et le duo devient trio, accompagné d'un mort-vivant plutôt sympatique même s'il vomit en continu et qu'il ne peut rester en vie que si Thomas est à proximité. Le groupe se trouve donc lié, et celui-ci s'agrandit avec la petite soeur du mort, qui elle est bien vivante, et qui va constituer le dernier pilier de ce quatuor de Pieds Nickelés, que Sébastien nous invite à suivre dans un road movie Picard ultra politisé, de toute évidence le film le plus politique de Sébastien, et avec tant d'acuité, d'humour et de violence, que le film peut presque se lire comme un manifeste politique. Mais toute l'intelligence de la mise en scène fait que le film ne se limite évidemment pas à ça, et qu'il opère un délicieux croisement, un savoureux mélange de carpe et de lapin, entre le film d'auteur, la comédie populaire (les Pierre Richard / Gérard Depardieu de notre enfance ne sont pas si loin) et le film fantastique gore (Evil Dead est cité comme une des influences possibles du film par le cinéaste). C'est un film d'une grande liberté, qui m'a fait parfois pensé à Guiraudie (toutes proportions gardées car les obsessions et thématiques de Betbeder sont toujours omniprésentes), et qui marque clairement un virage dans l'oeuvre du cinéaste. Outre l'excellence des comédiens, je voulais aussi revenir sur la beauté de l'image (superbe travail du chef-op) et surtout, le choix du format, un magnifique cinémascope (je crois que c'est la première fois chez le cinéaste) qui donne une nouvelle dimension à son univers foisonnant.


FrankyFockers
8
Écrit par

Créée

le 13 sept. 2022

Critique lue 564 fois

3 j'aime

FrankyFockers

Écrit par

Critique lue 564 fois

3

D'autres avis sur Tout fout le camp

Tout fout le camp
BrunePlatine
9

La poétique de l'absurde

[À ceux qui disent que le cinéma 🇫🇷 est mort]Vu hier soir "Tout fout le camp" de Sébastien Betbeder, un "Objet Cinématographique Non Identifié" d'une grande singularité (à la croisée des Nuls, de...

le 27 mars 2023

1 j'aime

Tout fout le camp
Fatpooper
6

Rencontres

Un peu déçu.J'aime toujours l'univers de Betbeder, mais ce scénario est un peu trop maigrichon et le concept zombiesque assez peu exploité au final. Heureusement les personnages sont bien écrits, on...

le 10 févr. 2023

1 j'aime

Tout fout le camp
JanosValuska
7

Strange shadows.

Au début c’est une rencontre, entre Thomas, journaliste au courrier Picard et le chanteur Usé, qu’il vient interviewé après que celui-ci ait récolté 2,2% des voix lors des élections municipales...

le 18 févr. 2023

1 j'aime

Du même critique

Forever Changes
FrankyFockers
10

Critique de Forever Changes par FrankyFockers

La carrière de Love n'aura duré que de 1965 à 1970. Un bien court moment, mais qui marquera à jamais l'histoire de la musique rock et qui fera du groupe le plus grand représentant du psychédélisme...

le 24 avr. 2012

67 j'aime

10

Body Double
FrankyFockers
10

Critique de Body Double par FrankyFockers

Pourquoi ce film est-il si important dans l'histoire du cinéma moderne ? Voici une question qui mérite d'être analysée, comme il convient aussi de s'arrêter quelque peu sur le cas Brian de Palma, le...

le 23 avr. 2012

59 j'aime

4

Le Charme discret de la bourgeoisie
FrankyFockers
10

Critique de Le Charme discret de la bourgeoisie par FrankyFockers

Sorti sur les écrans en 1972, Le Charme discret de la bourgeoisie se situe en plein milieu de la période française de Bunuel, sa dernière et aussi l'une de ses plus intéressantes. L'âge n'a jamais...

le 23 janv. 2012

44 j'aime

1