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Mes cinq étoiles ne sont méritées que par le jeu et le talent de Quinton et Timsit qui se donnent beaucoup de mal pour faire vivre cette histoire un peu trop bobo tirée du roman de Tatiana de Rosnay (Spirales) dont il ne reste probablement pas grand chose... Mais ne faisons pas de procès d'intentions au réalisateur Gabriel Le Bornin : je n'ai pas lu le livre...
Ca commence fort mal pour nos oreilles ! Le générique de début apparaît sur fond de violoncelle semblant couiner une oraison funèbre... Glacial comme entrée en matière : on a envie de fuir ; il en sera de même pour celui de fin... C'était une manie des jeunes réalisateurs, pseudo nouvelle vague des années soixante, de nous farcir les oreilles de ce lugubre instrument dont les cordes grinçaient à l'unisson de vos dents. Souvent leurs tirades pseudo-intellos autant qu'ésotériques étaient illustrées de l'instrument...
Heureusement, par la suite la musique se fait oublier et ce sera là sa plus grande qualité...
On connaît surtout le réalisateur pour ses nombreux documentaires, notamment sur trois anciens présidents de la V° République... Peu de comédies dans sa filmographie et encore moins de thrillers Bref rien de bien transcendant... Pas d'avantage ici.
Le Bomin a dû conserver de ses relations des idées de grandeurs, car quand on voit le luxe élyséen dans lequel il fait évoluer ses personnages... L'essentiel de l'intrigue se déroule dans le huis-clos d'une villa genre hall de gare où encore "Chatelet les Halles" quand la station est déserte. La place n'est pas comptée. Le réalisateur s'est peut-être inspiré de la villa Cavrois construite sur mesure pour l'ancien magnat du textile roubaisien par l'architecte Mallet-Stevens ? En tout cas si les plans et mouvements de caméras sont facilités par l'immensité des êtres de la baraque, on ne peut dire qu'elle favorise les enregistrements intimistes... On s'attendrait presque à voir apparaître Monseigneur Bern , grand archevêque-sauveteur du patrimoine pour nous faire découvrir l'a théâtralité des lieux...
Et dire qu'ils ne sont que deux à habiter dans ce récit ce que je croyais être au début un home d'accueil pour colonies de vacances! !
En voyant l'immensité de cette bâtisse, la hauteur de ses plafonds, les couloirs interminables (skateboards conseillés), l'immensité des espaces perdus, je me suis demandé qui pouvait en réalité habiter cette cathédrale de verre sans âme, quand des familles nombreuses sont entassées sur quelques mètres carrés ?..
On gagne décidément bien dans l'industrie pharmaceutique ! Comme quand on devient député comme le maître des lieux ? Car je frémis à l'idée de penser aux coûts d'entretien et de nettoyage d'un pareil bâtiment plus proche d'une usine désaffectée transformée en loft,que d'un bâtiment BBC (basse consommation)
Voici pour le décor, pharaonesque...Le clou de ce gigantisme est son escalier tellement dangereux que l'architecte qui l'a dessiné n'avait probablement dans son entourage ni enfants, ni PMR... Un peu comme un précipice sans parapet... Criminel ! On le verra d'ailleurs...
Mais même l'appartement de la femme de ménage ne fait pas misérabiliste : elles semblent bien gagner leur vie à Lyon ?...
A côté de cet habitat artificiel, le casting lui semble avoir été tiré d'une pochette surprise de comédiens en manque de cachets... J'enlève de cette critique Quinton et Timsit qui portent à eux deux, et seuls, tout le film : j'y reviendrai... Mais on comprend mal que la distribution ait de nouveau fait appel à Astrid Whetnall qui plombe l'ambiance du film par un jeu mal embouché, et qui rate complètement son interprétation !
Inimaginable qu'un industriel fortuné (Timsit) rondouillard et plutôt bon bougre, ayant réussi sa vie professionnelle au point qu'il se destine à la carrière politique, puisse mener une vie conjugale avec une grognasse pareille, qui de plus le cocufie ! Ca frise l'indécence ou l'aveuglement !
A contario de celle qui percute l'écran : Sophie Quinton qui semble trouver à ce point jouissif son rôle qu'elle entre tellement facilement dans son personnage et qu'elle rend ridicules les efforts vains de Whetnall pour atteindre une interprétation comparable. Malgré toutes les bouées de secours de Timsit qui ne cherche pas à tirer les couvertures à lui. Désespérant..
Quand à la réalisation, elle est mollassonne, sans rythme, et multiplie non seulement les invraisemblances mais aussi les bouche-trous qui permettent de boucler les 90 mn de programmation ! Que de plans et séquences inutiles : comme la fille de l'industriel qu'on voit fugitivement au début et qui part à Rio rejoindre sa mère ... On la comprend à voir la joie rayonnante de son infidèle de belle-mère, et l'ambiance zen qu'elle répand autour du cocon familial... Mais quel intérêt pour l'intrigue ? Et puis la femme de ménage qui laisse tomber son portable dans la piscine ?
Ambigu est le maître mot de cette histoire sans queue ni tête, et profondément décevante, à moins d'être un grand fervent des délires métaphysiques que j'ai pu lire ça et là dans les commentaires de presses de rédacteurs qui ne l'ont peut-être pas vue...

Arte le 12.04.2019- 21.10.2022- TV5 Monde le 11.05.2023- Arte le 23.10.2023-

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le 20 oct. 2023

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