"Tournage dans un jardin anglais" est en fait l'adaptation du génial bouquin intitulé "The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman" de Laurence Sterne. Il faut savoir que le livre est en fait une autobiographie à peine cachée de l'auteur, construite sur d'éternelles digressions. De quoi rendre la lecture assez particulière, puisque finalement, l'auteur digresse tellement qu'il meurt avant de terminer son oeuvre (à la fin, il est à peine arrivé à sa propre naissance, parce qu'il a pris trop de temps pour parler des parents). Adapter une telle oeuvre, si étrange, est donc un pari bien risqué qui demande une réappropriation nette et explicite de la part du réalisateur. Ce qu'arrive plutôt bien à faire Michael Winterbottom, réalisateur entre autres de 'The killer inside me' et 'The trip' (dont le duo Coogan/Brydon annonce déjà cette mini série).

Alors le scénario est du coup assez particulier et n'échappe pas à quelques chutes de rythme et autres petits défauts, puisqu'il n'y a pas d'objectif principal. Il y a un semblant d'histoire lancé par la relation entre 'Coogan' et sa 'femme' mais cela arrive tardivement et n'est clairement pas le but réel du film. C'est donc plutôt par le thème qu'on peut relier cet amas de scènes: la vie est chaotique et la contrôler est quasi impossible. L'idée de la mise en abîme illustre bien le travail d'un réalisateur lorsqu'il doit se réapproprier le sujet sans pour autant trahir l'histoire d'origine. Ainsi, le tournage dépeint est finalement la patte personnelle du réalisateur qui vient justifier l'adaptation du livre, sans trahir cette thématique du chaos

Malgré les quelques chutes de rythme, le film passe plutôt bien et s'avère intéressant dans son montage. Car comment monter un film qui n'a ni queue ni tête et qui passe du coq à l'âne? On sent aussi que le budget était fort limité, mais cela ajoute un côté humoristique, surtout que la mise en abîme permet de rire de cette situation. Côté acteurs, c'est toujours un plaisir de retrouver Dylan Moran, trop rare à l'écran. Coogan fait également rire tout comme son acolyte Brydon.

Bref, un film plutôt atypique qui fonctionne moins bien en film qu'en livre (vu que le concept de base est un concept digne de littérature, ça semble logique) mais qui reste un métrage de qualité et qui pose de bonnes questions sur la dramaturgie et la réalisation d'un film.
Fatpooper
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le 2 mai 2012

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