Un des meilleurs films de guerre, genre surreprésenté au cinéma, genre où il est pourtant si facile de sombrer dans la propagande nationaliste, et le souvenir des « héros » partis se battre à la guerre. Ce qui m’a agréablement surpris, c’est que Fleischer fait l’effort de ne pas prendre parti, (pas de bons, méchants, etc), et propose une reconstitution plus vraie que nature, sans oublier de « romancer » un minimum ses dialogues tout en restant crédible dans le déroulé historique, et ça, ça donne un sacré intérêt au film. Deux films en un d’ailleurs, en montage alterné, deux histoires, deux pays, deux cultures, deux réalisateurs. D’un côté, les japonais en langue originale sous-titré, s’il-vous-plaît, et de l’autre , le côté américain entre isolationnisme, et inconscience et laxisme insondable.
Les erreurs que font les américains sont tellement incroyables, qu’on pourrait croire à un film-gag, si ce n’était pas historiquement vrai ! Lourdeur administrative, lenteur à prendre les bonnes décisions, vanité et sentiment de supériorité qui va leur couter cher. Ils sont sûrs que toute attaque ne peut se faire que par mer, (la guerre à l’ancienne), et pensent que personne n’osera jamais les attaquer par les airs, (et encore moins des japonais). 70 ans plus tard, ils referont la même erreur, avant les attentats du 11 septembre, bizarre, non ?
D’un côté on a un chef que personne ne contredit. De l’autre côté, tout le monde est chef; c’est à qui se défile le plus. Personne ne prend ses responsabilités, et ça donne une succession de passages de témoins qui donne le tournis, et qui conduit à la catastrophe. On se dit que c’est tout. Que c’est très intéressant. Et c’est alors qu’on assiste à la plus impressionnante attaque aérienne vu au cinéma, tout ça fait avec les moyens de l’époque. Waouh !
Rien à voir avec l’immersion totale actuelle qui vous plonge encore plus dans l’action, mais qui est largement artificielle, voire carrément virtuelle. Là, on sent le vécu. Et la dernière phrase d’un gradé japonais, (entré dans l’histoire sûrement), devant le triomphe total, et les soldats qui jubilent, lui il reste mesuré. Il sait que le Japon a signé son arrêt de mort par cette victoire, tellement totale qu’elle fait peur. Il sait que le géant américain, piqué au flanc va se réveiller, et qu’il va avoir la main lourde.