Cul De Bitch

Xavier Dolan débarque avec son film assez attendu après des critiques élogieuses, des prix et des sélections dans différents festivals (Venise, Toronto).

Pour ce quatrième film en tant que réalisateur, il sort des sentiers battus et part du côté du thriller. Au final, ce film se rapproche plus du huit-clos, tant par le scénario, que le montage, que la musique ou par le casting somme toute assez réduit.

Xavier Dolan s'est associé à l'auteur de la pièce dont est tiré le film ("Tom A La Ferme" de Michel Marc Bouchard) pour écrire le scénario. Celui-ci est intérressant à suivre car jusqu'au bout l'issue semble incertaine pour Tom. On relèvera cependant quelques twists assez prévisibles mais bien amenés.

Du point de vue de la réalisation et du montage, on ne peut rien reprocher à Dolan qui fait dans le classicisme. Il faut tout de même souligner la superbe scène dans les champs qui est rapide mais visible et celle du salon où le jeu de Lise Roy (Agathe) ressort d'une manière terrible et trippante. Les fondus au noir sont plutôt intérressant et permettent des ellipses temporelles bienvenue.

Le casting est justement un des points majeurs du film. Xavier Dolan (Tom) confirme qu'il reste très sexy même avec des cheveux jaune-pisse et qu'il aime se filmer (comme dans chacun de ses films). Le rôle de la mère (Agathe) est joué par Lise Roy (actrice que je ne connais pas mais qui donne envie d'explorer sa filmographie) et celle-ci est un bonheur à regarder et on ne peut s'empêcher de se demander tout au long du film si elle sait pour son fils et différents indices le laissent à penser. Le beau-frère (Francis) est interprété par Pierre-Yves Cardinal et son jeu est très agréable, il dégage à la fois ce sentiment de violence propre au personnage mais aussi la tristesse
propre à la situation. Les acteurs qui gravitent autour sont plutôt bons surtout Evelyne Brochu (Sarah).

La musique a toujours été pour moi une "marque de fabrique" des films de Dolan et celle-ci diffère des films précédents car elle a été composé par Gabriel Yared (La vie des autres, le patient anglais) malgré la présence de certains morceaux dont une piste finale à double sens. La musique immerge parfaitement le spectateur dans l'ambiance noire, sombre; elle souligne des non-dits et sous-entendus et épouse certaines scènes à la perfection.

Le seul bémol du film est la version proposée en salles. En effet, le film contient des expressions et tournures de phrases en québécois et les sous-titres ne proposent que rarement leurs versions françaises et traduisent des propos parfaitement compréhensibles, cela gêne un peu le visionnage.

Au final, je trouve que pour une première incursion dans le thriller/drame familial/huis-clos Xavier Dolan s'en sort haut la main et prouve une fois de plus (et si cela était encore nécessaire) son statut de "petit prodige du cinéma québécois"