Le cinéma japonais nous a souvent offert des choses incroyablement dingues, comme Dainipponjin ou Tokyo Gore Police, qui ont du mal à s’exporter en France, hormis dans de tardifs DTV.
Sion Sono, connu pour des films comme Love Exposure, avait déjà défrayé la chronique avec son film précédent, Why don’t you play in Hell. Il revient avec Tokyo Tribe, une adaptation du manga de Inoue Santa en live-action. Et son film ne ressemble à rien de connu. En effet, Tokyo Tribe est une comédie musicale entièrement rappée avec des combats à la The Warriors en plus fauché et outrancier, des acteurs qui surjouent constamment pour notre plus grand plaisir (Takeuchi Riki et Suzuki Ryohei sont absolument géniaux, l’un en chef de gang cannibale et sanguinaire, l’autre en gros malabar peroxydé et complexé par la taille de son sexe) et surtout un parti pris esthétique poussé jusqu’à l’extrême.
En effet, le film de Sion Sono est une des œuvres les plus clinquantes, vulgaires, outrancières et décomplexée depuis un bon nombre d’années. Les filles y sont dénudées (mêmes les policières), les gens y sont lubriques (mention spéciale à Kubozuka Yosuke qui tient un musée de gens nus qui servent de meubles), les bastons y sont démentes et filmées en un seul plan, ce qui les rend franchement époustouflantes et le son assourdissants, entre les sonneries de téléphones et les gros beats qui tâchent composés par B.C.D.M.G. Assumant son côté japonais jusqu’à l’excès, le film se termine dans une séquence ahurissante de violence et un gag incroyablement débile, totalement dans le ton.
Tokyo Tribe est une expérience exceptionnelle, une œuvre unique et hilarante, passionnante, clinquante, éprouvante et profondément importante dans un cinéma qui ne se refuse jamais rien. Merci M. Sion.