ce n'est pas un film "bateau".
Phénomène cinématographique des années 90, que reste-t-il du film de Cameron douze ans après, à l'heure de la 3D et d'"Avatar" ?
L'engouement pour ce film était-il vraiment justifié ?
Mon avis est peut-être biaisé, mais j'ai envie de répondre un grand OUI.
D'accord, l'histoire est banale et peu plausible (les barrières entre les classes n'étaient pas si simples à franchir), mais elle possède ce caractère universel, qui permet de toucher le plus grand monde.
Et puis, elle n'est qu'un fil conducteur, prétexte à faire revivre d'abord la vie à bord du paquebot, mais surtout à nous plonger par la suite au cœur de son naufrage, dans toute son horreur et sa tragédie.
Cameron réussit comme personne ce tour de force. En plongeant ces personnages principaux dans le chaos, il nous fait plonger avec. Le scénario, assisté d'un brillant montage, est en cela diablement efficace. Car mine de rien, on vit presque le naufrage en temps réel, celui-ci durant près d'1h15, et ce sans s'ennuyer une seule seconde. Cameron multiplie ainsi les anecdotes et les détails historiques, sans que cela ne paraisse trop appuyé, trop scolaire. Il a même eu la bonne idée de se débarrasser du côté explicatif du naufrage dès le début du film, ce qui évite tout ralentissement dans l'action. De l'action, on en aura en effet pour notre compte, mais sans que cela soit superflu, toujours dans le but de nous faire vivre au plus près les événements. Et Cameron n'en n'oublie pas les instants d'émotion, qui pointent plus souvent le bout de leur nez qu'on aurait pu l'imaginer (Rose sautant du canot et courant vers Jack pour expliquer sa (stupide) réaction par un "Tu sautes, je saute".. Rose sifflant pour rappeler le canot qui s'éloigne d'elle,...).
Alors est-ce notre attachement aux personnages qui rend le naufrage plus intense ou l'intensité du naufrage qui amplifie notre attachement aux personnages ? Surement que l'un ne va pas sans l'autre, et que le génie de Cameron y est pour quelque chose. Techniquement parlant, le film est une prouesse. D'accord certains plans numériques font un peu pâle figure en comparaison de ce que l'on peut voir aujourd'hui. Mais à l'heure du tout numérique, cela fait plaisir de revoir un film qui sait aussi bien allier les techniques classiques et modernes. Et puis, on ne peut être qu'admiratif devant ces décors à la fois gigantesques et travaillés jusqu'au plus petit détail. Et qu'en est-il des prestations des deux acteurs principaux, dans les rôles qui ont fait d'eux des stars planétaires ? Si leur personnages sont assez classiques, ils ont réussi à leur donner ce petit je-ne-sais-quoi qui les rend si attachants. Kate Winslet, grâce au rôle plus complexe et plus torturé de Rose, offre sans doute une prestation plus marquante que celle de DiCaprio, dont le Jack est plus commun. Mais il ne méritait en aucun cas les critiques de simple "belle gueule" que le film lui a valu à l'époque. Il a d'ailleurs prouvé par la suite qu'il était un des meilleur acteur de sa génération. Le phénomène "Titanic" est également indissociable de la musique de James Horner, qui est sans doute en grande partie à l'origine des émotions qui nous submergent tout au long du film (« rose » et Jack qui dessine Rose...). Comme il faut bien en trouver une, je ferais une petite critique à Cameron et à son irrépressible besoin de nous coller à chaque fois une petite morale. La fin de "Titanic", en écho à tout le reste du film, n'échappe pas à la règle. Rose jette le cœur de l'océan, plutôt que de le donner à Lovett, pour nous rappeler que courir après l'argent n'est pas la chose la plus importante dans la vie... Bon d'accord, mais il l'a quand même cherché pendant deux ans ce foutu diamant !!! Pour résumer, disons que "Titanic" est tout simplement ce qui se fait de mieux en terme de film à grand spectacle, et qu'il a la qualité de pouvoir rallier tous les spectateurs, de 10 à 90 ans, ce qui n'est pas forcément le cas d'un "Avatar", par exemple...
PS :
Film culte qui a fait courir les foules, "Titanic" s'est naturellement attiré les foudres de ceux qui prétendent qu'un "bon" film doit être un bide commercial, raconter une histoire obscure, distiller l'ennui et nécessiter un tube d'aspirine... pour aider à comprendre ce qu'a bien pu vouloir dire l'auteur. "Titanic" n'est pas et n'a jamais voulu être un film d'art et d'essai. Il applique la vieille recette "Boys meet girls, boys love girls, boys lose girls" avec, en arrière-plan, un évènement historique dramatique. Depuis "Autant en emporte le vent" jusqu'au "Docteur Jivago" en passant par "Les 10 Commandements" ou "Ben Hur", ça marche à tous les coups. Pas intello, Titanic? Et puis alors? Ce n'est pas une raison pour bouder notre plaisir de voir une histoire bien écrite, bien racontée, bien filmée, avec des acteurs de talent et une bonne musique. Que demande-t-on de plus au cinéma? La masturbation intellectuelle de certains metteurs en scène qui s'auto-analysent aux frais des contribuables via les avances (à fonds perdus) sur recettes de leur navet?
