Time Lovers
5.3
Time Lovers

Film DTV (direct-to-video) de Andrew Bowler (2018)

Rien de tel qu'un bon coeur brisé pour élaborer une avancée scientifique majeure !
Dévasté par sa rupture avec celle qui pensait être la femme de sa vie, un jeune physicien surdoué utilise ses capacités scientifiques hors-norme pour construire une machine à remonter dans le temps ! Pas dans le but de faire une randonnée à dos de dinosaure ou de plonger bébé-Hitler dans une marmite d'eau bouillante, non, Stillman (Asa Butterfield) veut seulement corriger tous les moments houleux vécus avec Debbie (Sophie Turner) lors de leur relation et effacer de la timeline ce maudit texto "We need to talk" envoyé par la belle qui a acté leur processus de séparation...


Dans un premier temps, difficile de ne pas faire les gros yeux devant "Time Freak" tant le film d'Andrew Bowler (adapté de son court-métrage éponyme nommé aux Oscars en 2012) paraît considérer avec la plus grande normalité le comportement anormalement égocentrique de son héros. En effet, voir Stillman jouer à reconditionner sa petite amie en totale impunité avec des va-et-vient temporels est presque traité de manière à être uniquement en empathie avec ses agissements, comme si la donne "Hé, elle ne s'en souviendra pas de toute façon !" justifiait à elle seule que l'on se range du côté de son héros et de la réussite du plan de reconquête de son amour. Hormis un meilleur ami constamment réduit à un rôle d'accessoire pour servir les intérêts de Stillman alors que lui-même veut aussi corriger un passé qui ne l'a pas épargné, rien ne vient souligner ces manipulations tendancieuses où l'esprit de Debbie est formaté dans tous les sens par son ex-compagnon.


Cependant, ce que l'on avait pris à tort pour une erreur d'approche va peu à peu révéler sa véritable forme de parti pris laissant le spectateur en réalité seul juge des actes commis par Stillman.
On ne va pas se mentir, dans une comédie romantique de ce type, tout est d'habitude marqué au surligneur pour mieux nous indiquer quoi ressentir vis-à-vis de tel personnage ou telle situation. "Time Freak" a le mérite d'avoir choisi une autre voie, celle de faire appel un minimum au bon sens du spectateur pendant sa majeure partie pour ensuite exposer l'incontournable retour de flammes que va subir le personnage principal. Car, oui, modeler l'être aimé selon son bon vouloir a des conséquences, surtout lorsqu'il s'agit d'un électron libre comme Debbie que la logique rationnelle de vie de Stillman ne peut réussir à museler, sinon en repoussant l'échéance d'une nouvelle catastrophe au sein de leur relation. Avec cette optique un peu plus maligne que la moyenne, "Time Freak" construit donc un récit plutôt globalement pertinent sur la manière de traiter la quête contestable de son héros et cela constitue sans doute sa plus grande qualité avec le charme et l'interprétation de son couple de héros (n'oublions pas aussi Skyler Gisondo dans le rôle du meilleur pote).


Mais ce n'est hélas pas assez fort pour enlever le caractère anecdotique qui colle en permanence à l'ensemble du film où chaque direction choisie paraît déjà avoir été explorée ailleurs et en mieux. Au niveau de la simple romcom, aussi attachant que soit le couple en son centre, pas grand chose à signaler au niveau de l'évolution de leur relation malgré les corrections apportées par Stillman et le message qui va en découler. Avec l'ajout de l'argument SF réduit à sa plus simple portée d'influer dans le regard de l'autre à travers le temps, le mélange des deux genres ne parvient jamais à installer de nouvelles pistes suffisamment consistantes pour nous étonner sur les contours de toute cette histoire qui restera prévisible jusqu'à son terme. Quelques petites fulgurances (sur la fin) et des sourires sur les multiples recommencements d'épisodes de vie des deux amis réussiront à donner l'illusion d'un honnête divertissement romantique mais ce sera hélas tout.


"Time Freak" a donc quelques arguments pour se positionner comme une honorable comédie romantique teintée de SF mais n'a clairement pas la possibilité de prétendre à plus en donnant le sentiment de rester dans une zone de confort bien trop connu au niveau de ses ressorts. Mignon mais oubliable pour résumer...

RedArrow
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le 15 mars 2019

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