J'étais vraiment frileux à l'idée de lancer le film, ayant été fort déçu par les derniers métrages de sci-fi fauché de ce calibre (c'est-à-dire traiter de la science-fiction par la parole au travers de personnages cloîtrés dans une pièce), mais en même temps j'étais curieux, parce que, comme beaucoup de gens, les voyages temporels m'intéressent.


Et il y a vraiment de bonnes idées dans ce film. Vous savez, en général, quand on parle de voyages dans le temps, y a toujours quelqu'un pour dire "moi, si je pouvais connaître le futur, j'irais voir les chiffres du loto ou les résultats de course", sauf que dans un film, les personnages ne font jamais ça. Et bien ici, un des protagonistes a cette idée. Et c'est de là que les conflits externes vont émerger, ce qui est donc malin. Ce qui déçoit, en revanche, c'est d'axer le récit autour d'une histoire d'amour ; mêlé à un zeste de paranoïa parfois difficile à justifier, on devine la tragédie à venir. Et c'est vraiment dommage, parce que traiter des voyages dans le temps de cette façon, c'est un peu fade.


Pour rester à un niveau technique, disons que le retournement de situation à la fin n'est vraiment pas chouette. D'abord, parce que c'est tiré par les cheveux, comme à chaque fois que l'on nous présente un twist dans un film. Cela reste crédible, parce que c'est bien préparé (le coup des photos manquantes, quelques répliques étranges par-ci par-là), néanmoins, ça reste le genre de truc rafistolé à la va vite qui frustre le spectateur parce qu'il ne peut pas deviner un tel revers. De plus, le mystère autour des photos disparues et du fonctionnement de la machine laissait espérer des explications plus importantes qu'un petit tour de passe-passe ; la frustration est donc proche de celle d'un soufflé raté, un peu comme si le combat final de Avengers se déroulait autour d'une table de poker, sans même autoriser les personnages à bluffer...


Malgré ces déceptions, le film reste captivant du début à la fin grâce à un maintien constant des conflits. Les personnages auraient pu être mieux écrits afin de mieux jouer sur leur caractérisation lors des inévitables disputes, mais ça n'est pas déplaisant pour autant. De plus, les objectifs sont reformulés régulièrement afin de bien fixer les motivations de chacun.


Visuellement c'est sympa : pas d'effets de style trop encombrants, quelques jolis plans, un rythmé soutenu par le biais d'un découpage classique. Les lieux sont bien trouvés et exploités ; dommage qu'on ne les explore pas un peu plus. Les acteurs sont assez bons globalement. Enfin, la musique accompagne bien les images, renforçant ce climat de paranoïa.


Bref, un petit film de science-fiction plutôt sympa, vachement plus divertissant qu'un "Another Earth", par exemple ; ça fait longtemps que j'ai vu "Primer", mais j'en ai un gardé un très bon souvenir, d'autant plus que l'auteur ne se perdait pas dans une histoire d'amour si je me souviens bien.

Fatpooper
6
Écrit par

Créée

le 25 août 2015

Critique lue 3.4K fois

12 j'aime

12 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 3.4K fois

12
12

D'autres avis sur Time Lapse

Time Lapse
Marco
10

Critique de Time Lapse par Marco

Aux vues de la note SC, certains penseront que je me fout de leur gueule, mais non sincèrement, je met 10 à ce film. C'est pour moi le meilleur film 2016 et peut être mon favoris des 5 dernières...

le 26 juil. 2016

12 j'aime

4

Time Lapse
Fatpooper
6

Les prisonniers du temps

J'étais vraiment frileux à l'idée de lancer le film, ayant été fort déçu par les derniers métrages de sci-fi fauché de ce calibre (c'est-à-dire traiter de la science-fiction par la parole au travers...

le 25 août 2015

12 j'aime

12

Time Lapse
chinaskibuk
6

Critique de Time Lapse par chinaskibuk

Sympa ce petit film qui traite de paradoxe temporel, les acteurs sont convaincants sans être exceptionnels et qui aime ce genre ne sera pas déçu.Cependant il ne faudra pas chercher la grosse bête qui...

le 30 juil. 2023

9 j'aime

4

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55