Voilà un film étrange et sombre montrant comment les tourments de la chair perturbent l'apparente sérénité d'un jeune étudiant juif ultra-orthodoxe. Haïm-Aaron, épuisé par le jeûne qu'il suit avec la plus extrême rigueur, fait une chute brutale en prenant sa douche, subit un arrêt cardiaque mais est ramené in extremis à la vie grâce aux massages de son père. A la suite de cet accident, rien ne sera plus comme avant. Haïm-Aaron est démotivé, devient provocateur à l'égard de ses enseignants et cherche, à travers ses déambulations nocturnes, une expérience charnelle qu'il n'a jamais connue, tout en voulant échapper au regard inquiet voire menaçant de son père, chargé de tuer des bovins dans un abattoir casher. Y parviendra-t-il ?
Le film, en noir et gris, est habité par un souci d'esthétisme. Les images sont bien cadrées, les éclairages (sombre-obscur) étudiés. Quelques scènes oniriques qui reviennent de façon réitérées, des citations cinématographiques (références à Bunuel, Dreyer et quelques autres grands auteurs de l'Histoire du cinéma) semblent destinées à affirmer auprès d'un public de "happy few" l'ambition du metteur en scène. J'ai pour ma part trouvé de la lourdeur là où le réalisateur voudrait montrer une profondeur de la réflexion ( images appuyées de la chair bovine, pénétration digitale voyeuriste). Le film reste intéressant en ce sens qu'il montre de façon presque documentaire l'intérieur d'une yeshiva. Fallait-il cependant un tel parti pris de silence (il y a très peu de dialogues et pas de musique) ? Tout cela me fait penser à ces films "art et essai" du début des années 1970 (Philippe Garrel, les frère Taviani) devant lesquels certains critiques s'extasiaient mais qui pouvaient générer un réel ennui.