« Classique » du cinéma de Hong Kong des années 80, sorti à l’époque chez nous en VHS chez HK Video, Je n’avais que très peu de souvenirs de mon premier visionnage de Tiger on the Beat si ce n’est que c’était une petite série B sympathique, qui ne cassait pas des briques, mais qui avait un final assez mémorable. 22 ans plus tard, après rafraichissement de ma mémoire, le constat est exactement le même : Tiger on the Beat est un divertissement pur jus qui fait passer un bon moment mais qui ne reste clairement pas dans les mémoires alors qu’il avait tout pour lui sur le papier : un réalisateur reconnu, un casting de fou furieux, une formule qui a maintes fois fait ses preuves.


Dans la deuxième moitié des années 80 à Hong Kong, le film de sabre n’est plus du tout à la mode. Certains réalisateurs des années 70/ début 80 n’ont eu d’autres choix que de changer de registre et de passer au polar, genre que des films tels que Long Arm of The Law ou Le Syndicat du Crime ont remis sur le devant de la scène. Yuen Woo-Ping s’est par exemple lancé dans les Tiger Cage, avec succès, et Liu Chia-Liang n’a pas eu le choix lui non plus et a donc décidé de transposer la comédie martiale au polar urbain avec Tiger on the Beat. Afin de l’aider dans cette entreprise, il va faire appel à une tête d’affiche d’affiche très en vogue à l’époque, Chow Yun-Fat (Le Syndicat du Crime, City on Fire, Tragic Hero). Pour l’épauler, on retrouve Conan Lee, fraichement revenu de sa première tentative aux States (Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin), bien décidé à s’imposer à Hong Kong malgré une absence de formation martiale, heureusement compensée par de grandes qualités athlétiques. Autour de ce duo, tout un tas de têtes connues des amateurs de cinéma de Hong Kong, dont pas mal de rescapés de la glorieuse époque de la Shaw Brothers. On y croise donc Ti Lung (La Rage du Tigre, Cinq Maitres de Shaolin), Gordon Liu (Shaolin contre Mantis, Cat vs Rat), Norman Chu (Bastard Swordsman, The Lady Assassin), Phillip Ko Wei (The Boxer’s Omen, Shaolin Intruders) ou encore David Chiang (Le Bras de la Vengeance, Le Justicier de Shanghai)) dans des rôles plus ou moins importants. Comme souvent, celui qui va faire le show, c’est Chow Yun Fat, en mode dragueur, qui n’a jamais peur du ridicule, et au final toujours aussi à fond dans la coolitude. Son duo avec Conan Lee fonctionne bien.


Nous sommes donc ici dans une pure comédie d’action, sorte de L’Arme Fatale version HK. Tiger on the Beat est un buddy movie, avec comme souvent deux personnes très différentes mais qui vont devoir coopérer et apprendre à s’apprécier. Aux États Unis, c’était assez courant à cette époque, mais à Hong Kong, c’était quand même assez nouveau, ceci expliquant sans doute le joli succès du film au box-office. On a droit à quelques scènes vraiment funs, comme lorsque nos deux flics se voient obligés d’enlever leur pantalon pour essayer de sauver une victime. L’humour n’est pas des plus fins, mais il fonctionne plutôt bien car il est bien distillé du début à la fin. Le film ne se prend souvent pas au sérieux, mais certaines scènes comiques sont malgré tout contrebalancées juste avec des scènes très sérieuses. Il y a même des moments relativement violents, avec de grosses giclées de sang lors des impacts de balle, ou alors de la violence engendrée par la misogynie de certains films de cette époque. En effet, à mi-film, on nous balance à la gueule une scène de violence gratuite envers les femmes, relativement gênante à regarder, et vraiment malvenue. Et l’action dans tout ça ? Et bien comme on pouvait s’y attendre de la part de Liu Chia-Liang et de son équipe de cascadeurs, c’est du tout bon. Gunfights, courses poursuites, bastons, elles arrivent à intervalles réguliers. Conan Lee n’est certes pas un artiste martial à la base, il s’en sort relativement bien, réalisant lui-même ses cascades. Certaines sont d’ailleurs assez folles et il y a fort à parier que certains y ont laissé quelques os. Tiger on the Beat a son lot de scènes mémorables, comme son final assez fou de 20 minutes d’action non-stop, avec entre autres un combat de baïonnettes et surtout un autre, très connu, avec des tronçonneuses. Néanmoins, même si le film est bien fun comme il le faut, il lui manque un petit quelque chose pour vraiment marquer les esprits.


Tiger on the Beat est un divertissement pur jus, décomplexé de la première à la dernière minute. Néanmoins, on sent que Liu Chia-Liang n’est pas très à l’aise dans le polar urbain et son film n’arrive pas à atteindre des sommets.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 28 nov. 2021

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