Dans les pas de l'adaptation Nos étoiles contraires, Alfonso Gomez-Rejon décide de mettre en scène This is not a love story. Qui est lui-même l'adaptation du livre de Jesse Andrews : Me and Earl and the Dying Girl. Qui est lui-même dans les pas du bouquin de John Green.


Tu suis ?


Et si le projet semble être une énième vulgaire adaptation pour pucelles, ce n'est qu'une demi-vérité. Car, oui, si l'histoire cible adolescents et jeunes adultes ce n'est sans compter sur l'étonnant recul du récit et du traitement d'Alfonso Gomez.


En effet, le film se révèle assez novateur grâce aux interventions narratives extérieures, du personnage principal ou de son père, qui sont vraiment bienvenues. D'une part, parce qu'il permet au film de prendre du recul sur lui-même et ce qu'il est, à travers toutes ces interpositions qui nous font réfléchir sur la catégorie de l’œuvre qu'on visionne et nos attentes vis-à-vis du déroulement du récit. Ce qui nous permet de relativiser et de jouer brillamment avec nous. D'une autre part, parce qu'il héberge une étonnante réflexion sur le cinéma grâce à la distanciation qu'il met en place. Bien qu'elle paraisse presque anodine, elle n'en demeure point vaine mais remarquable.


Comme le fait remarquer l'insupportable placement de produit Apple, le film n'échappe cependant pas à l'appel de la rentabilité et fait que, il doit s'adapter à certains codes cinématographiques nauséabonds afin de s'assurer de plaire à une masse juvénile ayant besoin d'archétypes pour trouver ses repères. C'est donc sans surprise que l'exaspération se mêle au ravissement, avec ces clichés ringards et pas crédibles. Comme la salle à manger du réfectoire qui se manifeste comme étant plutôt une salle des fêtes à bêtes de foires. Comme ce jeune qui se retrouve spammé de pubs pornographiques quand comme par hasard, ses parents rentrent dans la pièce. Comme ce prof tatoué et énergique qui tchek les élèves en fin de cours. Comme ces jeunes loosers hors de la masse qui regardent dès sept ans des films allemands… d'Herzog… en vost…


Et j'en passe des vertes et des pas mûres qui donnent au film, un résultat plus mitigé, et nous donne à nous, une envie de se mettre une murge.


C'est dommage que la crédibilité en prenne un coup, et que certaines choses ne paraissent pas naturelles, comme le fait que Greg marche sereinement sur sa table basse devant la mère (ça aurait été la mienne, elle m'aurait mise un high-kick dans la gueule si j'avais fait ça), qu'il mette ses jolies Nike neuves oklm sur des coussins qui ne lui appartiennent pas, après être accueilli par la cancéreuse qui ne voulait strictement pas le voir, bien qu'elle attendit qu'il la remarque dans l'escalier. Sans parler des personnages secondaires pitoyables comme le Gothic qui se la joue Dark School Musical à la récré avec ses potes. Qui d'ailleurs, se révèle presque aussi minable que le dealer aussi viril que le prénom Virgil, qui se fait balancer en pleine amphi' comme une grosse merde… C'est con, car en outre le visionnage est assez plaisant.


C'est doublement dommage, car d'un autre côté, il y a de très bonnes idées. Les situations sont globalement très bonnes, souvent drôles comme le moment de défonce par exemple, ou plus tristes comme les rencontres entre Greg et Rachel dans sa chambre, qui disposent de dialogues aussi fun que dérangeant vis-à-vis de cette maladie, qui rend le tout remarquablement naturel.


En fait, si on met de côté tout ces clichés imposés, on obtient là une œuvre très maîtrisée. Alfonso Gomez nous délivre même une réalisation remarquable avec notamment des gros plans bien associés aux arrières-plans, et quelques courts plans qui s'attardent sur l'esthétique. On peut même dire que le cinéaste américain est très bon, rendant l'ensemble très dynamique, on ne peut que regretter une petite baisse de régime vers le début de la dernière partie, mais rien de dérangeant, quand on voit que chaque scène apporte son lot de bonne humeur, d'optimisme et d'émotion suffisamment pudique pour être soulignée.


Partagé entre rire et émotion, cette histoire d'amitié forcée, se révèle en fait comme étant une vraie histoire d'amour retenue derrière cette belle amitié, qui montre que l'amour peut se dessiner de n'importe quelle façon. A l'instar de leur relation, même si on est pas intéressé, il n'est peut-être pas dérangeant d'être forcé de le mater ce petit film fort sympathique. D'autant plus que la mère de Rachel, derrière ses airs de couguar qui se réconforte sans cesse avec un petit cocktail, nous donne presque envie de trinquer chaleureusement avec, jusqu'à qu'elle soit assez bourrée pour la


LIMITE MAXIMALE DE CARACTÈRES ATTEINTE

Alex-La-Biche
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le 27 sept. 2015

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Alex La Biche

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