The Woman
6.4
The Woman

Film de Lucky McKee (2011)

Là voilà enfin, la preuve qu'on peut encore faire du cinéma d'horreur intelligent et radical. Plutôt gâté par la qualité des adaptations auxquelles ont donné lieu ses romans, Jack Ketchum s'associe de nouveau à Lucky McKee pour un résultat extrêmement tordu et déconcertant.


Le réalisateur de May adopte des partis pris culottés qui ne laissent que rarement le spectateur rentrer dans sa zone de confort. Soucieux de nous laisser douter, Ketchum et McKee contournent l'apparente linéarité du scénario en parsemant le film de vagues indices hautement malsains qui permettent à chacun d'émettre ses hypothèses et de construire sa propre histoire. The Woman nous quitte ainsi avec plus de questions que de réponses sur cette famille dysfonctionnelle dans laquelle les hommes ruminent patiemment leur haine machiste et les femmes semblent murées dans une apathie étouffante (sauf la petite dernière, encore innocente). Ou sur le passé de cette mystérieuse cannibale, qui devient malgré elle le miroir de ce qu'il reste d'humanité chez chacun des Cleek.


McKee prend le contrepied d'à peu près tout ce qui se fait en matière d'horreur grand public à l'heure actuelle, y compris dans une réalisation qui s'autorise tout dans le gore mais refuse la complaisance et l'esbrouffe. Le tempo, très lent et posé jusqu'au déferlement de haine final, a de quoi déstabiliser, comme s'il épousait le regard fataliste de Maman et fifille Cleek. Tout comme sa caméra embrasse les âmes, les regards et les visages souffrants d'Angela Bettis, Lauren Carter, et de l'hallucinante Pollyanna McIntosh. C'est d'ailleurs dans ces moments plus suggestifs que McKee brille le plus. Le dénouement, bien que libérateur, manque en effet d'un poil de punch et frise la rupture de ton en s'engouffrant dans le grand guignol.


Amoral mais pas immoral, The Woman donne à ses personnages la fin qu'ils méritent. Mais aussi au spectateur. A ce titre, on aimera ou on détestera... Mais si vous appréciez vous aventurer dans les entrailles morbides de la bestialité humaine, vous ne pourrez qu'applaudir le cran de cette oeuvre inclassable.

magyalmar
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le 27 mars 2017

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