Le genre actioner pour la génération jeux-vidéo/animes a du mal à se vendre. Sucker Punch a mis des mois à dépasser sa mise de départ, et pour The Warrior's Way ça a été carrément la tasse. Dommage, car c'est la compilation ultime des univers sus-nommés dans un long-métrage sans limites (que ça soit l'action ou la connerie) et faisant figure de live-action videogame/anime orgasmique pour tous les fans d'Onimusha ou Trigun.
Yang (Dong-gun Jang), du clan des flutes tristes, est devenu la plus fine lame de tous les temps en tuant jusqu'au dernier tous les membres du clan opposé. Tout du moins presque tous, car c'était sans compter sur la dernière survivante, un bébé, qui poussera notre héros à faire preuve de pitié, renier son clan et s'enfuir en Amérique, espérant ne jamais être retrouvé par les siens, bien décidés à le punir pour cet affront. Malheureusement pour Yang, la tranquillité qu'il cherchait sera vite brisée par l'arrivée de bandits de grand chemin, et il devra se transformer en défenseur des opprimés afin de protéger ceux qui sont devenus ses nouveaux amis.

Après avoir vu ce film, on a l'impression qu'un serveur s'est viandé avec notre commande, mélangeant ensemble 300, Onimusha et Red Dead Redemption.
Finalement, à l'inverse du mix dentifrice/confiture/jambon, la tambouille prend plutôt bien, et niveau rigolade, gunfights et combats de katanas, on en prend plein la mouille.
Ça commence un peu comme une cinématique de jeu-vidéo branché, avec une esthétique noire très prononcée sur fond de paysage brumeux japonais (ou chinois, ou coréen, enfin en tout cas asiatique, car ici on sent un mélange de toutes les cultures asiatiques rendant dur à déterminer laquelle est la plus proéminente), une narration en voix-off et quelques informations textuelles façon Scott Pilgrim, nous mettant très vite dans le bain, et commençant déjà à nous faire jubiler.
Chose peu évidente pour le réalisateur Coréen Sngmoo Lee (qui écrit et réalise ici son premier film), il se retrouve à devoir diriger ensuite une séance de gunfight en plein badlands, et encore une fois il fait mouche grâce à une esthétique toujours prononcée, des plans intelligents, et une mise en scène puissante renforcée par des mouvements de caméras dynamiques.
Par la suite les choses ralentissent un peu, se concentrant d'avantage sur l'aspect burlesque et paisible, ce qu'était venu chercher notre héros, mais qui s'arrêtera très vite, les infâmes maîtres de ces plaines ne tardant pas à faire irruption, avant évidemment l'invasion du clan ninja, nous plongeant dans un spectacle revolvers/katanas d'une folie furieuse.

Bref, The Warrior's Way est un excellent divertissement largement évidé de toute réflexion, qui s'assume parfaitement, ne cherchant pas à nous imposer de pseudo-métaphores à chacun des pets de ses protagonistes, et ne délivrant que ce que l'on demande, de l'action décomplexée et sans prétention.
Chose très intrigante, le tout a été entièrement tourné en studio, et hormis les maisons tout le reste est composé en CGI, donnant un aspect curieusement artificiel au tout, sans pour autant piquer les yeux, un peu à la façon d'un Captain Sky et Le Monde de Demain — il y a bien de légers détails approximatifs, mais souvent contrebalancés dans le même plan par quelque chose qui cloue sur place.
Evidemment le déluge de clichés n'a pas été évité, que ça soit vis-à-vis des deux cultures présentées, mais c'est ce que l'on espérait, un film qui n'observe aucun sérieux afin que l'on nous serve toutes les facéties faisant partie de notre imaginaire, que ça soit le parfait ninja impassible ou les bandits armés de gatlings. D'ailleurs, que les plus jeunes soient prévenus, certaines scènes présentent quelques démembrements pas piqués des vers et que les amateurs de gore ne pourront qu'apprécier.
Le dernier tiers du film sera vraiment l'apothéose, l'action effrénée nous embarquant sans baisse de régime, et tout a la classe, que ça soit les bandits au visage occulté par l'ombre de leur chapeau, leur donnant un style très graphic-novel, tout comme notre héros qui slalomera entre les ninjas façon 300, ou encore des mouvements de caméra allant même jusqu'à cadrer la pointe d'une épée qui transperce une goutte d'eau.
Il ne faudra évidemment pas grand-chose pour le comparer à Sucker Punch, et honnêtement, n'ayant pas aimé ce dernier, celui-ci a réussi à combler les attentes qui ne l'avaient pas été avec l'autre, à savoir une influence manga/jeu-vidéo, sans pour autant les spolier, et tout en servant un divertissement fidèle à ce qui était annoncé, et non un film où les scènes d'action sont les métaphores d'un pénis voulant rentrer de force dans un vagin, chose coupant toute envie de s'amuser. Mais ce n'est que mon point de vue, à vous de vous faire le votre. Les effets-spéciaux sont néanmoins pas autant aboutis, mais il faudra mettre ça sur le compte d'un budget près de deux fois inférieur (le film est Néo-zélandais, pas américain, ce qui explique probablement pourquoi il est si bon #trollface).
La touche de féminité n'est néanmoins pas laissée de côté, malgré un nombre incalculable de testicules, et ce grâce à une Kate Bosworth en grande forme et assurant parfaitement son rôle de jeune femme déterminée, et finalement elle-aussi très couillue. Second rôle appréciable, Geoffrey Rush, qui est certes loin des exercices de diction qu'il dispensait au roi George VI dans Le Discours d'un Roi, mais auquel celui de vieux roublard alcoolique sied à merveille.
Pour conclure, les amateurs d'action débridée (sans jeux de mots) auront de quoi passer un moment de pure jubilation, et bien que l'oeuvre emprunte un peu à gauche à droite, elle impose suffisamment de traits mémorables pour rester ancrée longtemps dans les esprits. Les autres seront amusés par les facéties du bébé, livrant un bon lot de moues adorables et hilarantes, mais auront du mal à accrocher à son fond cliché et éculé.
Mention spéciale pour Dong-gun Jang, qui après Frères de sang et Wu-ji confirme sa prestance particulière, bien que son rôle lui impose un certain stoïcisme, ce qui ne l'empêche pas de donner une superbe classe à son personnage.
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le 20 juin 2011

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