Un trio infernal
Un scénario pertinent et bien ficelé au casting habilement établi ainsi qu'une réalisation à l'esthétique gracieuse et stylisée font de The Voices un film étrangement singulier.
Ce film raconte de manière subtile la relation triangulaire destructrice formée entre :
- Jerry, interprété par Ryan Reynolds, charmant et timide introverti, s'impose des frontières saines dans lesquelles il s'enferme et où il agit de façon maladroite
- Bosco, son chien, a toujours plus de caresses que le chat, complimente et conseille son maître de manière bienveillante
- Monsieur Moustache, son chat, n'a aucune pitié pour son maître et n'hésite pas à le lui faire savoir
Les rapports exercés sont captivants et traitent de manière subtile le thème (temporairement caché)
de la schizophrénie. Et lorsqu'on comprend progressivement d'où viennent réellement les voix, on conserve bizarrement toujours autant d'empathie à l'égard de Jerry.
Vous l'aurez compris, Jerry parle constamment à Bosco et Monsieur Moustache. Ou plutôt, Monsieur Moustache et Bosco parlent constamment à Jerry.
Littéralement, lorsque je suis sortie de la salle de cinéma, je me suis retrouvée avec un sourire et je me suis dis "mais qu'est-ce que je viens de voir ?". Coïncidence, j'ai lu plus tard dans une interview de la réalisatrice que c'était exactement son objectif.
Marjane Satrarpi, une réalisatrice en quête de nouveauté
Le critique et essayiste français Gérard Bauër écrivait au sujet des discours :
La voix est un second visage.
Au regard de ce film, cette citation incarne parfaitement les enjeux de l'histoire. Pour mieux comprendre la réalisation et les objectifs de Marjane Satrapi, je vous recommande de lire cette interview.
Notamment pour connaître ses projets futurs, lorsque la question "Marjane, quel style de film vous intéresse à présent ?" lui est posée, celle-ci ne manque pas de répondre :
Je ne sais pas encore quel sera mon prochain film. Avant de mourir, j’aimerais bien faire une comédie musicale, un film d’action, un film avec un super-héros dépressif ou une femme super-héroïne qui n’ait PAS été violée à la naissance.
En bref
Malgré certaines longueurs répétitives, on retiendra un film sympathique, haut en couleur avec un côté drôlement horrifique.