The Virgin Psychics (a.k.a. Eiga Minna! Esper Dayo!) est l'une de mes plus grosses déceptions de 2015. Quelque peu survendu au préalable, j'attendais vraiment ce film en espérant qu'il soit mieux que la série éponyme qui avait un petit potentiel mais qui avait de nombreux défauts. Mais hélas, The Virgin Psychics ne sera pas le sauveur de la "franchise" Minna! Esper Dayo!, et j'irais même jusqu'à avancer que le film est pire que la série.


The Virgin Psychics est un film qui s'inscrit dans un univers assez large. À l'origine, Minna! Esper Dayo! est un manga qui dans un second temps a été adapté en drama (série) de 12 épisodes. Ensuite, Sion Sono, qui avait écrit et réalisé 6 épisodes dans le drama, réalisa un téléfilm Bangaihen, Direct To Video et enfin The Virgin Psychics. La différence principale entre chacune des productions se situe dans le fait qu'ils n'ont globalement pas ou peu de lien les uns des autres et ne s'inscrivent pas toujours dans le même univers ou la même ligne temporelle. On notera, par exemple, la disparition du personnage interprété par Kaho dans le drama. Ce absence de lien sera encore plus caractérisée avec The Virgin Psychics puisque celui-ci est un reboot de la franchise. Mais contrairement à nombreux reboot, celui-ci n'est pas sur une initiative du producteur mais bel et bien de Sion Sono, qui évinça les autres réalisateurs et scénaristes du drama pour inscrire Minna! Esper Dayo dans son univers et l'aborder de manière plus personnelle. La raison principale de ses évictions, et du coup du reboot, est que Sion Sono n'avait jamais été pleinement satisfait du drama puisqu'il y avait trop de contributeur, et il a alors voulu faire sa version de l'histoire, montrer comment il l'aurait traité.


Malgré le reboot, le scénario et le postulat de base ne vont pas changer tant que cela. Notamment la première grosse demi heure, qui est simplement divers éléments de la série recomposé pour introduire les différents personnages et les différentes problématiques. Pour le reste du film, le scénario de The Virgin Psychics aurait pu correspondre à l'histoire d'un épisode de la série.


L'histoire prend place dans la ville Toyohashi, où à la suite d'un alignement précis des planètes et de la réunion de multiples autres conditions, les puceaux et pucelles de la ville deviendront des Esper, des humains dotés de super-pouvoirs (télépathie, télékinésie, téléportation, clairvoyance, etc..). parmi eux, Yoshiro Kamokawa, un jeune Esper à la recherche de son âme sœur, qui va chercher à sauver sa ville et le monde des attaques d'autres Esper mal intentionnés qui prendront notamment le contrôle de la ville afin de la ville plus érotique.


Comme dit plus haut, ce scénario aurait pu être celui d'un des épisodes de la série, ce que donne sur deux heures un scénario un peu vide puisqu'il aurait tenu en vingt minutes, et le film se retrouve alors avec de nombreuses scènes qui sont là pour combler. Et on pourrait aussi toucher deux mots sur le twist de fin qui est digne d'un téléfilm TMC.


Mais parfois, des films avec un scénario un peu léger se rattrapent et deviennent de bons films grâce à une bonne réalisation ou une bonne mise en scène. Mais Sion Sono ne brillera avec aucun de ces deux éléments dans The Virgin Psychics.


Niveau réalisation, on ne peut pas réellement dire que Sion Sono a une patte puisqu'un Love Exposure n'a rien à voir avec un Suicide Club ou un Tokyo Tribe. Chacun de ces films relèvent plus de l'exercice de style que d'une réalisation personnelle. Pourtant, avec The Virgin Psychics, Sion Sono confirme que certains des éléments qu'il a utilisé récemment dans ses films risquent de revenir plus régulièrement dans ses films. Comme par exemple le retour des drones dans The Virgin Psychics, outils qu'il avait déjà utilisé dans TAG, et qui rendent malheureusement des plans aériens assez laids. Mais Sion Sono semble avoir une sorte d'attrait pour le laid, le kitch et le cheap depuis Tokyo Tribe qu'il utilise pour montrer un côté jemenfoutiste, et de braver "les interdits". Cette attitude était très plaisante à ses débuts, on a tous pensé "Aha il a osé le con !" sur le fameux dérapage de tank dans Tokyo Tribe. Mais voilà, après l'avoir fait parcimonie dans Tag et Love & Peace, et d'avoir bien joué avec dans Tokyo Tribe, Sion Sono revient et l'utilise de manière excessive dans The Virgin Psychics, et ça commence à devenir lassant. Heureusement, la majorité de ses autres films de 2015 sont ou semblent plus soignés.


Niveau mise en scène, catégorie où Sion Sono brille un peu plus, à l'image de Love Exposure, échoue aussi lamentablement avec The Virgin Psychics. Mis de coté quelques blagues qui arrivent à nous faire rire, le film n'est pas drôle. À aucun moment on explose littéralement de rire. Et à contrario, jamais le film ne sera émouvant ou touchant dans les scènes cherche à l'être. De plus, Sion Sono réutilise les codes qu'il utilisait déjà dans Love Exposure et les pousse à leur extrême. Parmi ces codes, on retrouve les panchiras à foison, les érections excessives, un rapport au sexe récurrent etc.. Mais là où Love Exposure faisait preuve d'une certaine finesse dans l'utilisation de ces codes, The Virgin Psychics ne le sera absolument pas. Les plans de seins, culottes, de filles en maillot, de décolletés etc.. s'enchainent sans réelle intention à part en mettre à la chaine. Autant au début du film, cela annonce la couleur, cela nous replonge rapidement dans l'univers de Minna! Esper Dayo et cela nous arrache quelque sourire amusé, mais l'effet part rapidement au bout d'une demi heure, où la répétition de ces plans lasses elle aussi.


Au final, on peut facilement résumer The Virgin Psychics par sa réalisation et sa mise en scène assez pauvre.


De même, la bande originale du film est plutôt mauvaise alors Sion Sono s'accompagne régulièrement d'OST de qualité comme celui de Tokyo Tribe, ou encore Dessert dans Suicide Club, Mozart et Samuel Barber dans Himizu, ainsi que Beethoven et Yura Yura Teikoku dans Love Exposure. Ici, dans The Virgin Psychics, aucun morceau ne rentra en communion avec sa scène, toujours dissonant avec l'ambiance de la scène; comme si il n'y avait eu aucune réflexion derrière l'utilisation de la musique et seulement une volonté de brancher son MP3 et dire "Je veux mettre cette chanson !" par simple plaisir. On appréciera cependant avec un petit sourire le retour de (Where's)THE SILENT MAJORITY? de Yu Takahashi, générique du drama, ainsi qu'un morceau inédit du même auteur. D'ailleurs la scène reprenant la musique du générique du drama sera une des rares belles scènes du film.
[EDIT : On m'apprend dans l'oreillette que le début du film se passe à nouveau avec le Boléro de Ravel. Ne l'ayant pas notifié je ne commenterai pas]


Mais on ne peut pas que critiquer ce film, et je vais donc soulever l'un des rares points positifs du film : le casting. Casting qui est globalement assez bon malgré le fait que tous les personnages, même les principaux, soient relégués à une inutilité assez marquante.



  • Shota Sometani reprend son rôle de Yoshiro Kamogawa à l'identique et continue à jouer comme dans la plupart de ses films, en gueulant. Moi ça ne me gêne pas, mais je comprend qu'on puisse ne pas aimer.

  • Erina Mano reprend son rôle de Sae Asami à l'identique elle aussi, mais son personnage sera plus inutile que jamais. Ses rôles étant de plus en plus récurent dans les films de Sion Sono, mais aussi de plus en plus insignifiant, à l'image de son inutilité dans Love & Peace.

  • Eliza Ikeda sera le principalement changement du film, puisqu'elle remplace Kaho dans le rôle de Miyuki Hirano. Changement qui aura fait couler de l'encre, et qui force chacun à avoir sa préférence entre les deux. Eliza Ikeda étant très appréciable et bonne actrice, elle est l'une des meilleures actrices du film, mais elle ne colle pas aussi bien que Kaho dans le rôle de Miyuki. Bien entendu, ce n'est pas que sa faute étant donner que dans l'histoire, Eliza Ikeda est cantonné à un rôle frôlant la figuration par moment ou à faire la greluche qui ne veut pas s'associer à notre groupe d'Esper.

  • Ce même groupe d'Esper interprété par Reiya Masaki, Motoki Fukami et Makita Sports qui serviront strictement à rien tout le long du film à part faire blagues très peu drôle pour montrer qu'ils sont des pervers.

  • Le professeur Asami et son assistante Akiyama, interprétés par Ken Yasuda et par la muse et femme de Sion Sono, Megumi Kagurazaka, seront relégués à un rôle qui sera lui aussi au niveau de simple figuration.

  • Trois personnages plus ou moins principaux ont été ajouté à l'histoire, mais aucun ne sera vraiment intéressant. On retiendra de Maryjun Takahashi seulement le nom de son personnage "Polnareff", de Rosa Sahel on retiendra son accent anglais et enfin, la seule personne avec Eliza Ekeda qui arrive à impressionner malgré son personnage qui n'est pas intéressant : Ami Tomite qui l'une des meilleures actrices du film et qui confirme l'impression qu'elle donnait dans TAG.

  • Enfin, Anna Kanno, Mizuki Hoshina, Ai Shinozaki et Airi Shimizu auront des rôles très peu marquants qui ne laisse pas juger quoique ce soit à leur sujet mis à part leurs attributs physiques respectifs que Sion Sono met en avant.


Il faut tout de même ajouter deux mentions spéciales au niveau du casting, deux personnes qui se situent au fin fond du générique. Dans un premier temps, je nomme Tomomi Itano (a.k.a. Tomobeauf dans le rôle de Eri. Rôle qui est surement le plus inutile du film, voire de l'histoire du cinéma et qui sera l'interprétation la plus mauvaise du film, voire de l'histoire du cinéma. D'ailleurs, ça confirme la tendance de Sion Sono qui se rapproche de plus en plus du monde des anciennes idoles avec notamment Tomomi Itano (The Virgin Psychics), Mariko Shinoda (TAG) et Ami Tomite (The Virgin Psychics, TAG) qui sont des anciennes AKB48 et Erina Mano (Love & Peace, TAG, Minna! Esper Dayo!, The Virgin Psychics) qui est une ancienne Morning Musume. La seconde mention spéciale est pour Constantinople, soit le seul occidental du film, qui fera même tomber la chemise, crédité en "Best Boy".


Au final, The Virgin Psychics gâche totalement son casting 5 étoiles en leur proposant que des rôles fades sans aucune importance. En ajoutant aussi le fait que les pouvoirs des personnages ne sont absolument pas exploité, à l'image de Sometani qui ne lira pas une seule fois dans les pensées un fois passé la première demi heure.


Le problème global du film réside dans le fait que le film soit mauvais alors que Sion Sono s'occupe enfin seul de l'univers de Minna! Esper Dayo!. On en arrive donc à se demander comment il a pu faire pire que le drama. Mais c'est en voulant ajouter plus de plans affriolants sans développer une vraie histoire, que Sion Sono est passé à coté de son film et nous a offert un catalogue de blagues. De plus, on peut noter l'absence de scènes vraiment belles, comme on pouvait trouver dans de rares moments du drama, comme Erina Mano courant avec son drapeau "私". The Virgin Psychics est trop vide, trop peu drôle et jure au milieu des autres comédies récentes du réalisateur comme Tokyo Tribe et Why Don't You Play In Hell ?.


En somme, une bien grosse déception venant de Sion Sono qui avait pourtant signé deux chefs-d’œuvres en 2015 avec Love & Peace et TAG et que Whispering Star est l'un des projets qui semble pouvoir concourir au milieu des meilleurs films que Sion Sono ait jamais réalisé. Au final, c'est avec The Virgin Psychics et son premier projet de 2015, Shinjuku Swan, que Sion Sono démontre que malgré sa créativité, son génie et la poésie dont il peut faire preuve, il lui arrive par moment de ne pas être si éloigné de Takeshi Miike.


Après The Virgin Psychics, il devient de plus en plus difficile d'imaginer Sion Sono continuer de réaliser des films adaptions des séries où il a participé à la réalisation, et notamment Jikou Keisatsu qui mettait en scène Kumiko Aso, actrice qu'il a dirigé dans Love & Peace.

Créée

le 20 nov. 2015

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Yerp Ono

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