Drame familial contemplatif AVEC 3 MINUTES DE DINOSAURES

Scénario :


Année 1960 : Une mère reçoit la lettre de son fils. Il est mort à la guerre. Il n'avait que 19 ans.
Années 1980/90/2000 : Le frère du fils mort, joué par Sean Penn, prend conscience, avec pas mal de retard, que son frère est mort.
Il y a super longtemps : Le Big Bang.
Il y a super longtemps, mais moins longtemps que le Big Bang : Deux dinosaures sont au bord de la rivière. On sait pas trop ce qu'ils viennent foutre là, mais on en a chié pour les faire, alors c'est cool.
Années 1950 : Allégorie de la naissance du personnage à travers une maison sous l'eau. (Merci TvTropes, j'aurais jamais deviné sans.)
Années 1950 (aussi) : Brad Pitt regarde les pieds de Sean Penn, qui vient de naitre. C'est l'affiche française du film.


S'ensuit une heure et demi de film contemplatif sur les souvenirs d'enfance d'un gars, au Texas, dans les années 50.


Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"



En tant que sujet d'étude :



The Tree of Life est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Terrence Malik. Un réalisateur dont je n'avais vu aucun film, mis à part La Ligne Rouge que j'avais vu à la télévision, mais en bossant mes cours, ce qui fait que mis à part des longs monologues, je n'ai aucun souvenir de ce film. Le film fait parti de ces oeuvres qui divisent. (Je veux dire sur Sens Critique, trois de mes éclaireurs ont notés ce film 3, tandis que d'autres l'on noté 7 voire 9.)


Long de deux heures et quart, le film n'en a pas moins un scénario assez minimaliste : l'enfance dans les années 50 au Texas. On découvre la famille O'Brian : Papa est sévère, militaire, mais sait parfois se montrer gentil avec ses enfants, maman est la mère idéale... ou idéalisée, le point de vue étant celui du frère ainé. Il y a aussi deux autres frères, celui dont on annonce la mort au début du film, qui est plus timide, plus artiste que ses deux cadets et l'autre... que j'ai souvent confondu.


Les choses ne sont jamais dites noires sur blancs, mais suggéré : des scènes d'engueulades, des mots épars, des plans par-ci ou par-là transmettent l'émotion et raconte une histoire. Même les dialogues sont souvent noyés dans la bande son très très classique. On voit donc ces gamins (très très bons acteurs) traverser les différentes phases de la vie : la naissance, les premières conneries, les conflits avec les parents, les amours qui ressemble à de l'obsession, les conneries sociales où tu fait de la merde avec tes potes, la découverte de la musique.


Un parti pris qui n'est pas sans être inintéressant et qui se couple à la volonté d'universalisme de son auteur : après le prologue, le film par sur le big bang, l'apparition de la vie et les dinosaures, avant d'entrer dans le sujet du film (ce qui arrivera après un bon quart d'heure.) Les plans sont contemplatif-as-fuck : long, parfois complètement abstrait, arrivant à des moments où , mais ils restent très très beau dans leur ensemble.


Ce qui est assez drôle c'est que le film a gagné la Palme d'Or face à Mélancholia, qui est lui aussi un film qui ramène une histoire de famille dans un contexte cosmique... et qui par est par contre aussi noir et déprimant que la fin de ce film est optimiste, voire naïve. (Avec une opposition "amérique" VS "europe" de bon aloi.)



Mon avis personnel :



J'aime bien regarder des films avec ma copine, parce qu'on forme un binôme intéressant : j'ai une grosse culture, très classique et je m'intéresse avant tout au scénario, elle a une culture très populaire et elle s'intéresse avant tout à l'esthétique. Et tout les deux, on ne sait pas quoi penser ce film.


Comme je l'ai analysé plus haut, The Tree Of Life pourrait être un film sur une famille lambda des années 50, limite caricaturale dans sa forme (papa fort, maman lunaire, morale chrétienne) et sur les souvenirs d'enfance, mais filmé d'une façon différente : sans réel scénario et fonctionnant par petit bouts. Mais même vu comme ça, le montage est quand même assez déroutant, certaines envolées filmiques étant hachées de façon bizarre. Et surtout, si cela compose le coeur du film, il y a l'intro et la conclusion et on peut difficilement passer à côté.


Car, le film pourrait être vu comme une caricature de film contemplatif : avec un propos universaliste, une intro interminable qui aligne les plans superbe et se regarde le nombril. Ce côté énervant du réalisateur bouffi d'orgueil qui tente de dire "regardez j'ai tout compris à la vie" et fini son film avec le cliché religieux du "on ira tous au paradis." Car j'ai rien contre le film contemplatif et ça m'est arrivé de voir des trucs très obscur et intimiste (Sharunas Bartas, je pense à toi) réduit à leur simple expression.


Et j'ai étrangement l'impression de voir une version Hollywoodienne du film expérimental européen. On va faire du contemplatif expérimental mais en alignant les beaux plans, en tentant de brosser l'américain moyen wasp dans le sens du poil et en mettant l'accent sur sa pudibonderie. Et je vois très bien ce que disent les gens lorsqu'ils parlent d'un film prétentieux. Mais... si les derniers films longs et prétentieux que j'ai vu dernièrement avaient pu être comme ce film, je crois que j'aurai été content, parce que c'est franchement pas le truc le plus inintéressant que j'ai vu. (Et graphiquement, c'est beau.)


De notre côté, on a pas passé un mauvais moment devant ce film, mais on a fait ce que tout cinéphile déteste : on a BEAUCOUP parlé pendant Tree Of Life. On a dialogué sur ce que ce film nous évoquait : les souvenirs d'enfance, notre rapport enfant avec notre père ou notre mère, la discipline, le fait d'être totalement cruel étant gosse. Et c'était un chouette moment, un peu comme un dialogue entre elle, moi et le film. (Et donc, avec Terrence Malick, étant donné que le film semble être basé sur sa vie.) Le fait que ce soit un film très contemplatif, où les dialogues passent en arrière plan, fait qu'au fond, on avait jamais eu dit "chuuut, je crois que j'ai pas entendu ce qu'il vient de dire."


Du coup, j'ai bien aimé ce film parce qu'il a fait ressortir des souvenirs d'enfance et qu'il fut l'occasion d'une chouette soirée bavarde... ce que je pense que Terrence Malick détesterait. Je sens que c'est le genre de réalisateur qui veut que son film soit vu sur grand écran dans un silence absolu où tu ne peux pas entendre une mouche péter.


Et je l'emmerde.

le-mad-dog
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Rattrapage culturel : Un Réalisateur = Un Film

Créée

le 7 oct. 2018

Critique lue 624 fois

2 j'aime

Mad Dog

Écrit par

Critique lue 624 fois

2

D'autres avis sur The Tree of Life

The Tree of Life
Malgo
3

Critique de The Tree of Life par Malgo

"Terrence Malick je te hais. Tu as volé 4h33 de ma vie Je hais tes fantasmes sur les arbres. Je hais tes fantasmes sur la femme pure et stupide et rousse à grosse bouche Je hais tes phrases...

le 1 juin 2012

269 j'aime

102

The Tree of Life
Torpenn
2

L'ennui vous appartient

Après le terrifiant Nouveau Monde, j'avais juré qu'on ne m'y reprendrait plus. Encore la preuve que je devrai m'écouter plus souvent. Terrence Malick est un primitif, un simple, un naïf, c'est ce...

le 26 mai 2011

204 j'aime

110

The Tree of Life
Clairette02
10

Le plus beau film du monde

The Tree of life n'est pas un film. C'est un voyage. A faire dans une grande quiétude, une sérénité totale, et en bonne compagnie, sinon vous allez vouloir sauter de l'avion ou du train, c'est selon...

le 19 mars 2012

150 j'aime

79

Du même critique

Un chien andalou
le-mad-dog
8

Arrêtez de dire que vous ne comprenez pas ce film !

Un Chien Andalou faisant parti d'une liste de films à voir qu'avait ma copine, je l'ai donc revu. Et c'est limite un passage obligé dans les études sur le cinéma. (Le film était gratuit sur YouTube à...

le 12 janv. 2023

87 j'aime

Marvel's Iron Fist
le-mad-dog
4

Pourquoi c'était moyen.

J'ai eu deux fois mal au cul la semaine dernière : La première fois en me pétant le coccyx, la seconde, en me matant l'intégrale de la première saison d'Iron Fist que j'ai regardé "faute de mieux"...

le 1 févr. 2023

52 j'aime

11

Blow-Up
le-mad-dog
5

Antonioni ou la métaphore du mime qui fait du tennis !

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel version....heu.... non...." En fait, il ne fait partie d'aucune de mes listes de rattrapage de films. Bizarre, j'étais certain qu'on me l'avait...

le 22 oct. 2016

51 j'aime

6