Découverte de Terrence Malick à travers The Tree of Life.
C'est tout à fait gigantesque, dans le sens ou l'on nous plonge dans la création du monde, en passant par l'ère des dinosaures, s'arrêtant à la vie d'une famille texane et prenant fin dans un au-delà très spirituel.


Dire que j'ai frissonné devant ce film serait mentir, les séquence d'ode à la nature sont par moment très belles. Mention spéciale à ce ballet de chauves-souris qui est époustouflant. Le spectateur, grâce à Malick, circule à travers le flux infini des océans, des volcans, des forets et même dans le cosmos. Au milieu de ces longues parenthèses contemplatives, on atterrit dans une famille traditionnelle des années 50/60 au Texas.
Une mère d'une grande douceur, aimante et gracieuse. Peu bavarde mais dont chaque geste sait rassurer son entourage.
Un père autoritaire et frustré, à la carrière de musicien loupé et dont l'ambition s'est reporté sur le business industriel. Nettement plus cynique et terre à terre que la musique.
3 jeunes garçons qui grandissent en compagnie de ces 2 parents.


Le film va nous immerger au sein de cette famille, d'apparence normale (d'ailleurs lors du film on verra une famille voisine, observée à travers les yeux de l'ainée, qui vit une situation similaire à celle vécu au sein de la famille principale : c'est à dire une dispute entre les parents, comme à la maison) mais dont la relation père / fils s'avère compliquée et conflictuelle.


Ce qui m'a intéressé et touché sont les moments de doutes et de questionnements propres à chaque membre de cette famille. Terrence Malick matérialise cela avec les voix-off. Celles-ci sont synonymes d'introspections et de luttes intérieurs relatives à chaque personnage afin de comprendre ce qui tiraille l'existence de chaque membre de la famille au plus profond d'eux. Ces voix-off peuvent être considérées comme des prières, des questionnements profonds pour lutter contre chaque doute.
Autre point qui m'a particulièrement plu, la relation entre la mère et ses fils. A travers quelques regards, quelques gestes de mains ou encore lorsqu'ils s'amusent en famille j'ai ressenti la sincérité de l'amour d'une mère pour ses enfants. C'est d'ailleurs superbement mise en scène et filmé par Terrence Malick, avec des mouvement de caméra d'une grande douceur et une lumière toujours très présente.


A contrario j'ai eu un peu de mal à vraiment me plonger sur la durée à toutes ces séquences contemplatives, qui m'ont paru un peu lourde. Et ce malgré la légèreté du flux avec lequel on est transporté et immergé dans ces images.
Les séquences avec Sean Penn ne m'ont pas captivé, on comprend qu'il est l'incarnation du futur d'un des jeunes garçons. Il s'est éloigné de son enfance proche de la nature et vit désormais dans la jungle urbaine. La symbolique est belle, cependant j'étais de marbre.


Finalement ce ne fut pas une expérience désagréable, mais dans sa globalité je n'ai pas été porté par la grâce comme ont pu l'être certains.


Ayant eu la chance de participer à une conférence de Simon RIAUX (le Cercle - Canal+) juste avant la projection du film, ce dernier à notamment abordé l'opposition grâce / nature.
La grâce; ici c'est Jessica Chastaing.
La nature; c'est Brad Pitt. Ce père n'a pas l'ambition de nuire sur ses enfants, il les aimes tout autant que la mère. Il ne peut simplement pas l'exprimer avec grâce.


Il a été également question, à travers le travail d'un autre critique cinéma dont je n'ai plus le nom mais qui a été remercié par Simon RIAUX, la pensée du philosophe danois Kierkegaard.
Ici résumé très grossièrement avec mes mots et ce que j'en ai compris. On aurait 3 stades d'existences dans notre développement en tant qu'être humain, qu'on retrouve dans le film de Malick :
- le primitif : on agit et réagit à l'instinct par rapport à nos désirs immédiats; exemple des enfants dans the Tree of life.
- la nature : on s'adapte à ce qui nous entoure, et on se développe dans un contexte précis. On va muter pour s'acclimater aux contraintes et exigences du monde dans notre propre intérêt et par avidité; exemple du père qui est un brillant ingénieur avide d'argent. Il a su se conformer a ce qui l'entourait pour en tirer un intérêt personnel.
- la grâce : l'intérêt personnel s'efface, on aime pour l'amour. On comprend la nature et on ne fait qu'un avec elle. On fait parti d'un tout sans jamais nuire à quiconque et chaque intention envers l'autre est désintéressée. Exemple de la mère , aimante et gracieuse dans sa gestuelle. Elle comprend et aime la nature qui l'entoure.


Ces pistes de réflexions ont été intéressantes à découvrir dans le cadre de la projection du film.

Créée

le 22 avr. 2022

Critique lue 26 fois

Ssird

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