Oeuvre Visuelle Non Identifié, raté ou incompris ?
Le film atypique par excellence. Je ne saurais dire si « tree of life » manque sa cible ou si je n’ai pas compris le message. L’histoire - un homme, Jack, qui a grandi avec un père autoritaire (Brad Pitt), subi la perte de son frère, et cherche sa place dans le monde - est secondaire. Elle est le prétexte à une succession d’images, de champs de blé aux immeubles aux grandes surfaces de verre, de nébuleuse planétaire au vide spatial, et de réflexion sur le sens de l’existence. Que le protagoniste se pose des questions sur le sens de la vie et sa place dans le monde, et le film nous raconte tout depuis l’origine, du big bang aux dinosaures. Plus qu’aucun autre (mulholand drive, cloud atlas, the fountain, matrix, voir inception), ce film ne peut que diviser, entre haters féroces et adeptes passionnés. Le traditionnel débat y est plus que jamais posé. Film prétentieux, branlette intellectuelle, films pour pseudo intellos qui veulent se sentir supérieur, vide et tape à l’œil, d’une part, et magnifique, profond, original et incompris de l’autre. Sensible à l’esthétique, en quête de profondeur et de ce qui est hors-norme entre deux divertissements formatés, je me positionne d’habitude dans la deuxième catégorie. Pourtant pour « tree of life » je suis plus mitigé.
Certes c’est très beau, mais comme ce n’est pas ce que j’analyse habituellement, je ne serais guère capable de décrire d’avantage. Concernant les questions existentielles, elles sont au final plutôt rares. Ni pistes de réflexions, ni phrases susceptibles de devenir une citation, ni réelle poésie ambiante. Juste une succession d’images qui s’enchaînent, encore et encore. Aucune chronologie dans l’histoire, on passe de Jack enfant à Jack adulte (Sean Penn, trop rares apparitions). Son questionnement et son évolution ne sont pas claires, et devant cette façon de raconter particulière, peinent à (m’)intéresser. L’émerveillement se mêle à l’ennuie. Y-a-t-il une symbolique qui m’a échappé ? Faut-il oublier toute réflexion pour ne se consacrer que sur la beauté des images qui défilent, tel un tableau animé ? N’être que perception sensorielle et déconnecter son cerveau rationnel ?
Dans le doute, je n’affirmerais pas que « tree of life » est raté. D’autant que Terrence Mallick (l’excellent « Ligne rouge ») a clairement réalisé là un film original, un ovni cinématographique, et quoiqu’on puisse penser de l’œuvre, on ne peut lui reprocher cet effort. Je ne peux néanmoins le porter aux nues et le recommander, ni contredire totalement ses détracteurs. Cette façon de raconter une histoire qui passe uniquement par les images (et qui semble être plus extrême encore avec « à la merveille ») possède de toute évidence un certain charme, mais ne me paraît pas vraiment convaincante.