La si "confortable" réalité alternative

Absolument tout se joue, dans ce film rythmé par le chant lancinant d'une flute, sur ce que les "Autres" (les flics, les services sociaux, les soignants, les voisins, sauf une camarade de classe particulièrement clairvoyante) décident de ce qui acceptable pour ne jamais être déstabilisés et pouvoir rester dans leur "zone de confort".
Jeremiah (Sam) et Nick fuient un incendie. Au cœur de ces flammes, il s'en cachent d'autres, plus subtiles, plus brûlantes, plus ambigües.
Au fil de leur road movie lent et laissant affleurer une certaine lascivité ronchonne, Jeremiah/Sam étant un ado taiseux et décalé, des preuves sont laissées, telles de petites pierres rouges, par les réalisateurs Lauren Wolkstein et Christopher Radcliff : l'unique lit utilisé dans le motel déserté par les touristes, l'acceptation de la colère de Jerémiah par Nick face au comportement de Kelly, le fait que le jeune garçon se fonde si bien derrière le large torse de son compagnon quand le danger se profile, mais surtout l'absence totale d'une peur quelconque, qui est pourtant dérangeante mais séduisante, de Jerémiah face à Nick.
Les deux acteurs, le délicat et rêveur James Freedson-Jackon et le courageusement tendre Alex Pettyfer, habitent parfaitement leurs rôles, qui pourrait être vu comme "casse-gueule", si l'on reste à la surface !
Car ce beau récit mortifère, aux paysages bucoliques bordant l'attirante forêt, appartient à la catégorie des films où il ne faut pas anticiper les actions, ne pas poser un jugement à l'emporte-pièce, mais laisser la magnifique BO vous bercer, car elle va amortir bien des retournements sous-jacents et violents et nous les faire accepter, si nous décidons de nous ouvrir à une réalité alternative qui n'est pas celle de notre société "normative".
La fin est magique, prémices d'une nouvelle transformation.
A voir !