Un souvenir, entre ennui et nulle part.

Voici un film qu’on nous présente avec enthousiasme et louanges. On devine au visionnage qu’il tente d’être et de parler d’art au travers d’une histoire d’amour qu’on découvrira vite toxique.
Au clap de fin, j’ai remis mon blouson, j’ai descendu les marches de la salle, j’ai poussé la porte de sortie et c’est avec soulagement que j’ai retrouvé l’agitation des rues bondées de monde. Oufff je suis vivant !


Pourtant j’ai lutté, je m’encourageais, tiens bon, ça va venir, le film va se débloquer et tu vas finir par l’apprécier, mais hélas non. De bavardages oiseux en scènes ennuyeuses via des discussions qui se voudraient hautement philosophiques, dans une ambiance grise et terne j’ai fini par admettre que je m’étais trompé de salle. Blague mise à part il est vrai que je me sens toujours démuni face à ce genre de film nombriliste. Celui-ci manque terriblement de rythme, d’originalité et d’émotions. Absence de profondeur, de puissance, de liant, manque de beaucoup trop de choses pour être un film de qualité.


Ne vous méprenez pas, j’aime aussi le cinéma contemplatif, les films intimistes quand ils sont bien réalisés, bien joués,, ici on étouffe, dommage, car en soi l’intérêt de cette histoire inspirée des débuts de Joanna Hogg (la réalisatrice) dans sa carrière cinématographique est certain, il y avait de la place pour mieux faire.


Le film brosse un tableau des Anglais et de l’Angleterre post vague punk et si ce n’était pas réalisé par une Anglaise, joué par des acteurs britanniques et avec le concours de la BBC j'aurais pu croire à une caricature maladroite du pays.


Julie aime Anthony qui aime Julie et la vénéneuse héroïne. Sans conviction Joanna Hogg raconte l’histoire d’une jeune femme, étudiante en cinéma, en quête de premier film et empêtrée dans une relation toxique. (un peu normal quand on s’éprend d'un toxicomane) Entre fêtes à la maison avec amis avachis, le pétard aux lèvres, repas chez les parents, entretiens pour son film, The souvenir déroule monotone et morose. Certes la photo est de qualité mais c’est quand même insuffisant pour sauver le film, le sortir de son assassine torpeur.


Julie et Anthony ont la fibre artistique, ils sont friands d’art et de culture, peinture (Le souvenir de Jean Honoré Fragonard donne le titre au film) photos, littérature, cinéma bien sûr. De l’art et de la culture sûrement mais platement juste en surface, sans hauteur. Encore dommage.


Anthony aime chez Julie sa peau pâle, fragile sous les rayons du soleil car aujourd’hui tout le monde est bronzé lui dit-il. Une préférence en accord avec le film sans couleurs vives, ni lumière, ni soleil, gris et froid ça file le bourdon. Le gris et le froid de l’Angleterre qui participe à cette caricature dont je parlais plus haut.
Même quand ils baisent c’est tristounet. J’ouvre ici une parenthèse pour ce cadeau qu’offre Anthony à Julie à son retour de Paris. Une tenue légère, petite culotte, porte jarretelles et bas noirs que l’on devine en soie, ce n’est pas très original. Au mieux c’est maladroit car Julie possède assez de grâce et de finesse pour n’avoir pas à s’embarrasser de tels artifices, au pire c’est à lui-même qu’il se fait ce cadeau, pour son seul plaisir, une blessante faute de goût.


Je note 3 pour les plans photos réussis, pour Honor Byrne appliquée et sérieuse et pour le travail fourni par Joanna Hogg même s’il est loin d'être parfait, même si elle aurait pu faire largement mieux.


Avec le film "The souvenir" m'est revenu en mémoire la pochette d'un bleu foncé austère du 45 tours des Sex Pistols avec ses deux bus à l'arrêt à destination de "borredom" (ennui) et de "nowhere" (nulle part) and now Ladies and Gentlemen pogo pogo this is the fantastic Sex Pistols !!!
No future

Daziel
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2022 une année de cinéma, Part 1 "Ici commence 2022"

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le 7 févr. 2022

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Daziel

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