S'il y a une chose dont je suis sûr, avec The Son, c'est qu'il sera moins bien reçu que The Father et que le réalisateur ne fera pas un nouveau best Zeller.
Parce que le film ne bénéficie plus de l'effet de surprise et que, de toutes façons, ici, la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit.
Aussi parce que The Son, a priori, doit jouer avec un thème qui permet moins de « fantaisie » cinématographique que la maladie d'Alzheimer dont souffrait Anthony Hopkins il y a deux ans. D'autant plus que Florian Zeller choisit de conserver les mêmes décors d'appartements donnant une impression de claustrophobie étouffante.
Mais si le labyrinthe mental de The Father n'est plus à l'ordre du jour, il reste cependant, à l'écran, toute la détresse de la situation : ici, un enfant qui perd le goût de vivre, face à des proches qui essaient de l'aider, mais totalement dépassés.
The Son reproduit donc la véracité des sentiments que l'on éprouve devant sa propre impuissance à porter assistance à son propre sang. Hier, il s'agissant d'un père qui s'éloignait inexorablement, sans aucune perspective de retour. Aujourd'hui, c'est un enfant qui tente désespérément de se reconnecter à un idéal de famille d'un avant divorce que l'on devine douloureux pour chacun de ses membres.
La caméra de Florian Zeller réussit à capter les différents masques de cet adolescent qui va mal, ses légers rebonds de bonne humeur comme ses abysses de mélancolie et d'absence le transformant en fantôme de sa propre vie.
Mais le fils décrit par Zeller, c'est aussi ce père qui s'est construit en opposition face à son ascendance, tout en en reproduisant pourtant malgré lui les travers. Hugh Jackman hérite ici d'un rôle assez ingrat, puisqu'il s'inscrit entre le total dépassement, malgré son amour pour son enfant, la culpabilité qu'il éprouve face à son mal-être, et sa propension à faire subir la même pression et la même sévérité qu'il reprochait à son propre père.
Ce qui ressort aussi du film, c'est cette impossibilité à communiquer pour l'ensemble des protagonistes, à se sortir d'une telle impasse, à attendre une réponse rationnelle pour expliquer les raisons d'une déchirure psychique. Tout comme il ressort certains éléments d'un suspens qui ne pourra que tenir en haleine.
Et si The Son apparaîtra moins accompli que The Father, il réussit cependant à mettre en image les différents points de vue adoptés devant la pathologie : tout le désarroi et le fol espoir aveugle de parents désemparés. Face au regard extérieur, celui de la belle-mère, incarné par Vanessa Kirby, ou encore celui du spectateur qui, malgré les mensonges et les sourires de façade, comprend bien vite le caractère inéluctable de ce qui est raconté.
Car il s'agit aussi, dans The Son, de tout le tragique de la transmission d'un père à son fils, de la répétition des traumatismes, malgré tout l'amour dont on peut assurer l'autre, même de la plus maladroite des manières.
The Father n'était donc pas qu'un coup de chance.
Behind_the_Mask, qui ne se souvient plus quel goût a la vie.