Après The Father en 2020, dans lequel il explorait la maladie d’Alzheimer à travers la trajectoire intérieure d’un père de 81 ans, Florian Zeller revient cette année avec The Son, une nouvelle adaptation d’une autre de ses pièces de théâtre. Deuxième volet de sa trilogie consacrée à la famille, le long-métrage s’intéresse cette fois au thème de la dépression adolescente, et plus particulièrement des traumatismes familiaux qui l’accompagnent.


Un sujet éminemment casse-gueule sur le papier, mais qui trouve dans le traitement tout en délicatesse de l’auteur une sincérité à la hauteur de sa complexité. Se gardant bien de verser dans la caricature ou la grandiloquence, le film embrasse au contraire une simplicité désarmante, conférant à ses personnages un incroyable naturel. De quoi renforcer l’authenticité d’un propos qui ne manque définitivement pas de puissance (psychologique, émotionnelle…). A travers l’expérience d’un père quelque peu déboussolé par la souffrance invisible de son fils, le récit met effectivement en lumière une réalité difficilement perceptible pour l’entourage, tant dans l’identification de la détresse que dans sa prise en charge. Pourtant aimé par ses parents, Nicholas paraît ainsi terriblement seul, semblant évoluer dans un univers parallèle dont il est prisonnier, et agissant comme un simple spectateur du réel. Un sentiment également suggéré par la mise en scène tout en sobriété du réalisateur français, à l’image par exemple de cette superbe séquence de danse qui voit le jeune homme progressivement sortir du cadre.


Très émouvant dans sa capacité à évoquer subtilement un mal-être insondable tel que la dépression, le film peut de surcroît s’appuyer sur un casting exceptionnel pour donner vie à ses protagonistes. Hugh Jackman, tout d’abord, confirme avec ce rôle qu’il fait définitivement partie des meilleurs acteurs de sa génération. Certes, sa filmographie ne regorge pas forcément de performances à ce point dramatique, mais chacune de ses apparitions dans ce registre fait néanmoins mouche. Et celle-ci tout particulièrement tant il y a de quoi être ému aux larmes devant les efforts déployés par ce père qui, malgré les nombreux échecs essuyés, se refuse à abandonner son enfant. Zen McGrath, ensuite, s’impose incontestablement comme la grande révélation du long-métrage. Déchirant dans la peau de cet ado en perdition, il délivre une interprétation d’une justesse incroyable. Le film reposant énormément sur son aptitude à retranscrire physiquement une souffrance intérieure, c’est peu de dire que sa partition se devait d’être parfaite. Enfin, mention spéciale également aux seconds rôles, impeccables Laura Dern et Vanessa Kirby.


Emmené par un casting magistral, Hugh Jackman et Zen McGrath en tête, The Son s’impose donc comme un drame bouleversant sur la dépression adolescente et les traumatismes familiaux qui l’accompagnent. Finement écrit, le film réussit l’exploit de retranscrire, avec une immense justesse, la réalité physique d’une souffrance invisible. Une oeuvre poignante, à la fois belle et tragique !


https://cinerama7art.com/2023/03/02/critique-the-son/

Wolvy128
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Cuvée 2023

Créée

le 2 mars 2023

Critique lue 13 fois

Wolvy128

Écrit par

Critique lue 13 fois

D'autres avis sur The Son

The Son
EricDebarnot
6

Le syndrome du second album et le fusil de Tchekhov

Il est arrivé à Florian Zeller la même mésaventure que connaissent les musiciens qui rencontrent un succès inattendu avec leur premier album, et qui se font descendre en flammes lorsqu’ils publient...

le 28 févr. 2023

45 j'aime

2

The Son
Plume231
3

The Father!

Le plus difficile, ce n'est pas de réaliser son premier film, mais son deuxième. Difficulté bien renforcée quand le premier a été bien accueilli. Généralement, tout le monde vous attend au tournant,...

le 4 mars 2023

22 j'aime

3

The Son
limma
8

Critique de The Son par limma

Après avoir exploré la maladie d'alzheimer avec The Father, Florian Zeller continue dans les adaptations de ses pièces de théâtre avec The Son et le thème de la dépression d'autant plus violent de...

le 16 févr. 2023

17 j'aime

7

Du même critique

Hunger Games : La Révolte, partie 1
Wolvy128
6

Critique de Hunger Games : La Révolte, partie 1 par Wolvy128

Depuis l’adaptation du dernier tome de Harry Potter en deux films distincts, la plupart des grandes sagas littéraires semblent emprunter la même trajectoire (Twilight, Divergente…) et Hunger Games...

le 20 nov. 2014

49 j'aime

3

Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E.
Wolvy128
7

Critique de Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E. par Wolvy128

Quatre ans après sa dernière réalisation, le réalisateur britannique Guy Ritchie revient sur le devant de la scène avec un film dans la veine de ce qu’il a l’habitude de proposer, celle d’un...

le 21 août 2015

35 j'aime

1

Mary
Wolvy128
7

Critique de Mary par Wolvy128

Mis en scène par Marc Webb, surtout connu pour son fabuleux (500) Jours Ensemble et son sympathique reboot de Spider-Man (avec Andrew Garfield et Emma Stone), Mary (Gifted en VO) est un drame...

le 11 juil. 2017

27 j'aime