Après « Après la pluie », un autre cinéaste compatriote du grand Kurosawa s’empare d’un de ses scénarios posthumes pour le porter à l’écran. Et même si l’on peut présumer que le vieil Akira aurait fait mieux, ça reste du très bel ouvrage.


S’inscrivant comme un sous-genre du chambara qu’est le film de geisha, « La mer regarde » nous plonge dans cet univers interlope et intriguant, mystérieux et impénétrable à l’occidental moyen qui pourrait prendre nos dames de compagnie pour de vulgaires prostituées, contraintes de surcroît. Mais au vu de ce film, il n’en est rien et la vulgate s’effondre. La geisha relève plus de la courtisane, de la confidente et conseillère, de la musicienne accompagnatrice ou de la partenaire bienveillante de beuverie. Et le samouraï, le commerçant ou l’artisan de ce japon traditionnel aux mœurs ancestrales, vient avant tout y trouver un havre de paix, y soigner ou y conforter son vague à l’âme et sa mélancolie.


Beauté mélancolique qui transcende tout le film, accentuée par la sublime tristesse de la musique qui revient régulièrement comme une boucle. Et puis la fin de l’œuvre, un quart d’heure d’onirisme pur. Deux de nos héroïnes perchées sur le toit de la maison entourée par le niveau surélevé de la mer et prise au piège. On assiste au dénouement d’une grande histoire d’amour.


Pour conclure, un bath de film sur le rapport entre samouraï et geisha, les deux figures de proue d’un Japon fantasmé, d’un âge d’or qui firent de nos générations des nipponophiles à défaut d’être japonisant et originellement initiées par les animés de chez Dorothée.


Une volonté naturaliste, d’un réalisme stupéfiant où même la violence est rendue de façon crédible, non esthétisée, quand la peur et l’envie d’en découdre s’entremêlent chez ses protagonistes. Tout y est parfaitement humain, des sentiments aux attitudes.


                        Samuel d ‘Halescourt

Créée

le 16 mars 2017

Critique lue 288 fois

Critique lue 288 fois

D'autres avis sur The Sea is Watching

The Sea is Watching
Samueld_Halescourt
8

La part romantique des geishas

Après « Après la pluie », un autre cinéaste compatriote du grand Kurosawa s’empare d’un de ses scénarios posthumes pour le porter à l’écran. Et même si l’on peut présumer que le vieil...

le 16 mars 2017

Du même critique

La Seule Exactitude
Samueld_Halescourt
8

Un flingue avec un nœud papillon

Autant annoncer la couleur, ce livre m’a régalé. Une accumulation de courts chapitres qui traitent de l’actualité de ces deux dernières années où Finky délivre ses sublimes exaspérations, son divin...

le 10 nov. 2015

11 j'aime

1

Interventions 2020
Samueld_Halescourt
8

Compilation pour l'histoire

Outre l'arnaque d'avoir reversé dans ce volume une grande partie des précédentes interventions, on prend plaisir a redécouvrir la plupart des textes qu'on avait passablement oubliée dans l'intervalle...

le 3 mars 2021

5 j'aime

Les Portes de la perception
Samueld_Halescourt
8

L’ignoble festif a remplacé l’expérimentation scientifico-chamanique

D’abord déçu de constater que « Les portes de la perception » à proprement parler n’était en fait qu’un court texte dans un recueil qui en compte beaucoup d’autres et sur lesquels nous...

le 26 sept. 2017

5 j'aime

2