L'épidémie de films de genre "zombie" continue, et de nombreux réalisateurs s'ingénient tant bien que mal à créer de nouvelles variantes pour lutter contre l'immunité (ou bien est-ce la lassitude?) de plus en plus robuste des spectateurs. Avec le variant 'the Sadness", Rob Jabbaz apporte deux éléments assez notables.

Tout d'abord un ancrage dans un vécu désormais universel : la pandémie. Tous le monde se reconnaîtra et s'identifiera à certaines situations : par exemple cette scène dans la rame de métro où la caméra scrute longuement les nombreux visages semi-endormis faisant ressentir aux spectateurs un brin de paranoïa curieusement familière. Cet aspect du film reste cependant anecdotique, comme un décor d'arrière-plan, sans jamais impacter directement l'intrigue. Ici, pas de discours critique, socio-politique, d'évènements récents, hormis peut-être quelques rares clins d'oeil, comme le détournement très ironique des hauts-parleurs d'alerte ou la représentation guignolesque de politiciens et de hauts gradés aux airs protecteurs et sévères, mais incapables de faire face à la situation.

Car "the Sadness" n'est pas un film politique comme les sont ceux de Romero, ni un conte moral comme "Dernier train pour Busan" : c'est un film qui semble viser avant tout les tripes. Et à ce titre, il faut dire que le film fonctionne pas mal. Cela tient au deuxième élément original du scénario : les contaminés ne sont pas diminués psychologiquement comme des zombies, mais au contraire se découvrent une imagination sadique débridée. Cela donne des situations gores réellement malaisantes, permettant au film de se vendre comme un "film choc", ce qu'il est effectivement.

Au-delà de ces aspects, l'intrigue reste malheureusement très classique, celle d'une fuite continue pour la survie, parsemée de quelques situations non-contournées à défaut d'être incontournables : le peureux qui laisse tomber ses compagnons en péril, la longue explication du médecin concernant ses découvertes etc...

On se retrouve donc avec un film d'horreur fusionant la structure des films de zombie avec l'imagerie extravagamant sadique d'un "saw" ou d'un "hostel", et dont l'efficacité ne repose pas tant sur la tension dramatique ou l'évolution narrative, que sur le choc pur des images transgressives. Si pour finir il y a malgré tout une lecture politique à faire du film, elle serait peut-être à voir justement dans cette forme sans retenu, excessive et crue, qui sonnerait comme un manifeste de liberté en réaction face à un cinéma de Chine continentale toujours plus étriqué dans son carcan moral.

À voir si vous avez besoin de votre dose de gore. Mais n'espérez pas trop en tirer d'avantage.

-Bok
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le 7 juil. 2022

Critique lue 9 fois

-Bok-

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