Après l’étourdissant Animal Kingdom, qui avait fait sensation à Sundance, l’australien David Michôd nous livre un second film forcément attendu, d’autant qu’on retrouve à l’affiche l’ex-vampire romantique de Twilight Robert Pattinson. Présenté à Cannes hors-compétition (où j’ai pu le découvrir) The Rover n’est peut-être pas la claque qu’on attendait, mais il reste un film très intéressant qui ne laissera pas indifférent.

Dérouté dès les premières secondes, le spectateur est confronté à deux choix face à ce film atypique : entrer dans cet univers post-apocalyptique où l’homme devient un animal sans foi ni loi, ou bien rester de marbre devant ce road movie contemplatif suivant un homme cherchant à tout prix à se venger de ceux qui ont volé son dernier bien, sa voiture. Mais dans les deux cas, on ne peut qu’admirer la façon dont Michôd retranscrit l’atmosphère anxiogène d’un monde qui s’est désagrégé après une chute économique. Entre la sublime photographie, le décor désertique à la Mad Max et la réalisation brutale, le film est marqué par un style qui lui est propre, confirmant le talent de David Michôd. Les sonorités mécaniques de la bande originale participent également à l’ambiance si particulière du film, clouant parfois le spectateur à son siège rien que par le biais de ces effets.

Mais cette réalisation prometteuse ne fait hélas pas tout. Le scénario minimaliste (co-signé par l’acteur Joel Edgerton), qui pourrait tenir en quelques lignes, s’étend à un rythme très lent. On est ainsi plus proche du film contemplatif que du film d’action, malgré les quelques scènes de fusillades, souvent d’une extrême violence, qui ponctuent l’intrigue de manière inattendue. Face au vide scénaristique, les acteurs se retrouvent alors un peu au dépourvu mais livrent des prestations plutôt étonnantes. Même si Robert Pattinson est assez crédible dans le rôle d’un voyou un peu simplet, c’est Guy Pearce qui tire ici son épingle du jeu en interprétant un homme mutique qui n’a plus rien à perdre, l’acteur australien portant ainsi le film sur ses épaules.

Malgré les faiblesses du scénario, The Rover est donc un film intriguant qui mérite qu’on s’y attarde pour son esthétisme et sa réalisation maîtrisée, confirmant les espoirs placés dans le réalisateur australien, en attendant déjà avec impatience son prochain projet.
Lilii
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le 4 juin 2014

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