Christian Volckman aura attendu 16 ans après son premier film d'animation en noir et blanc Renaissance pour revenir au cinéma. Cette fois ci le réalisateur nous propose un film plus traditionnel mais porté par un concept fort semblant sortir tout droit de la quatrième dimension.


The Room c'est l'histoire de Kate et Matt un jeune couple qui s'installe dans la grande maison un peu délabrée qu'il vienne d'acheter. Un jour Matt découvre une pièce secrète qui a le pouvoir de matérialiser le moindre de ses vœux. Les deux amoureux un peu fauchés en profitent alors pour assouvir tous leurs désirs et besoins jusqu'au jour ou il vont demander un peu plus que des objets.


The Room est une belle surprise dont la simplicité du concept cache au final des tonnes de questionnements que le réalisateur a la très bonne idée de simplement suggérer pour laisser aux spectateurs le soin de se perdre dans ses propres réflexions. Cette pièce capable de réaliser nos moindre désir de possession matériel se révèle être par extension une parabole du consumérisme à tout va dans un monde qui définit bien trop souvent le bonheur par les biens matériels que nous pouvons afficher comme devanture de nos réussites. Mais sommes nous plus heureux quand nous pouvons tout avoir , sans limites et sans mérites ? Lorsque tout est disponible, que tout est possible, que tout est "gratuit" reste t-il encore la moindre notion de désir ? The Room ne pose jamais directement ses questions et les nombreuses autres qui découlent naturellement de son concept mais le film pousse logiquement à une réflexion personnelle qui est : Que ferais je à leur place ? Par extension The Room est aussi assez symbolique de ce monde dans lequel sans bouger de chez soit tout semble accessible d'un simple click, comme si tout pouvait venir à nous jusqu'à nous enfermer à double tour dans nos propres maisons. Dans un premier temps le couple se fera plaisir dans une débauche et une surenchère de désirs futiles singeant une vie de milliardaire bling-bling ; nageant dans les dollars , prenant des douches de diamants, collectionnant les toiles de maîtres ... lorsque tout devient possible plus rien n'a de valeurs.


Toute médaille ayant son revers et tout vœux ayant sa malédiction caché le couple finira par se lasser de l'opulence et un désir plus intime viendra alors gangréner le destin du couple. Lorsque c'est un désir d'enfant qui fait rebondir le scénario c'est une nouvelle foule de questions qui apparaissent d'autant plus lorsque les règles deviennent plus claires : "Tout ce qui est créer par la pièce ne doit pas sortir de la maison sous peine de vieillir et être réduit en cendre en quelques instants" . The Room prend alors une nouvelle dimension, entrainant de nouvelles interrogations sur le fait que l'on puisse considérer un être humain comme un objet et sur le désir même de maternité. Le film s'enfonce doucement vers un thriller plus sombre à mesure que se posent de nouvelles question sur la parentalité, l'éducation et l'amour filiale. Peut on vraiment parler d'amour lorsque l'on enferme son propre enfant dans des mensonges et que pour le posséder on on doit accepter qu'il ne sortira jamais ? Etre parents n'est il pas justement de savoir accompagner une personne pour qu'elle puisse sortir du nid et voler de ses propres ailes ? Une nouvelle fois le film de Christian Volckman ne va jamais clairement nous asséner de questions, mais de par son histoire et ses enjeux il me semble impossible de ne pas y trouver matière à de très nombreux questionnements intimes. J'aime particulièrement ce genre de film qui sous les aspects d'un thriller fantastique concept assez basique ouvre à une multitude d'interprétation et questionnements.


The room est vraiment un chouette thriller fantastique qui ne souffre d'aucuns défaut majeures et qui porte son concept jusqu'au bout en ne cessant le faire rebondir vers de nouvelles dimensions de plus en plus sombre et dramatiques . Le duo de comédiens Olga Kurylenko et Kevin Janssens sont convaincant et la mise en scène de Christian Volckman est élégante et efficace entre l'onirisme des rêves souhaitées, les désirs matérielles qui saturent l'image et l'angoisse des cauchemars provoqués lors d'un acte final dans lequel la maison prend d'inquiétantes dimensions et perspectives.


The Room est une très bonne surprise et la confirmation du talent singulier et de l'exigence de son réalisateur. Là ou tant de films nous laisse le cerveau éteint , The Room ne cesse d'inviter le spectateur à se questionner et c'est pas désagréable du tout.

freddyK
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le 26 nov. 2020

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Freddy K

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