Les rosbifs sont à nos portes, qui pour sauver les sages colons américains esclavagistes de leur velléités indépendantistes ? Mel Gibson bien sûr ! Celui qui autrefois haranguait les troupes écossaises avec son espadon. Le voilà réincarné sous la caméra de Roland Emmerich dans la peau d’un authentique fermier qui tente de s’improviser menuisier après avoir passé sa vie à massacrer les indiens et les français avant de fonder une famille de mormont. Sauf que maintenant pour lui, la guerre et ses misère c’est fini, mais pas pour son aîné qui souhaite casser de l’anglais. Refuser le combat c’est bien gentil, sauf quand l’ennemie vous envahie et se met à brûler votre maison, tuer vos enfants et recruter vos esclaves affranchis. Il est donc temps pour Benjamin de déterrer la hache de guerre pour aller fracasser des crânes dans une furia guerrière. Mad Mel est bien de retour et ce n’est certainement pas le poids des années qu’ils l’auront assagit, bien au contraire, il n’a même jamais été aussi bon pour embrocher des chevaux à la simple force d’un drapeau ou bien pour dégommer des tuniques rouges à coup de mousquet avec les petits soldats de son fils dont il récupère le plomb pour forger des balles dans son creuset.
Pour ce qui est des batailles rangés, les américains sont désorganisés et ne peuvent pas lutter contre l’armada de la perfide Albion. Roland Emmerich démontre toute l’absurdité des combats d’infanterie qui avance en cadence au rythme du clairon et des coups de canons avant de s’effondrer sous la mitraille ennemie quant ils ne sont pas carrément démembrés ou décapités. La seule tactique de défense semble résider dans la même barbarie que les britanniques, en organisant des guet-apens dans la forêt, en allant au contact à tue-tête et à la baïonnette sans faire de survivants. The Patriot Le Chemin de la Liberté esquisse parfois quelques exactions commises par les miliciens de Benjamin avant que ces derniers ne finissent par montrer un peu plus de chrétienté. Mais les anglais et le sinistre colonel Tavington ne manque jamais de niveler le conflit par le bas en faisant cramer une paroisse pleine de gentils collabos et d’innocents, à tel point que le réalisateur arrive à faire passer les tuniques rouges pour des nazis, contrairement aux miliciens qui finiront pour les plus racistes et réfractaires d’entre eux par être honoré de combattre au côté d’un frère afro-américain. Par conséquent c’est un peu le combat du bien contre le mal avec Jason Isaacs d’un côté en dandy sanguinaire digne du Capitaine Bligh et de l’autre ce cher Mel Gibson qui adosse la panoplie du héros vengeur et du bon père de famille aimant en se dressant fièrement contre le joug d’une nation malgré son dégoût pour les atrocités que la guerre peut engendrer mais ce qui ne l’empêchera pas de se montrer tout aussi impitoyable comme vous l’aurez remarqué.
Roland Emmerich a peut-être le défaut de vulgariser un peu le propos en épousant le point de vue des américains le plus souvent victimes des dommages collatéraux, les imprécisions historiques sont nombreuses bien que le film ne soit finalement pas si manichéen que ça si on le compare notamment à Braveheart de ce bon vieux Mel Gibson qui jouait également de la corde sensible et de la fibre patriotique, d’autant que le général en chef des armées met en garde plusieurs fois son subordonné quant aux crimes de guerre qu’il commet contre des « frères » avec lesquelles la couronne compte bien commercer une fois le conflit achevée. Finalement ces vilénies vont entraîner tout une escalade de vengeance et d’embuches qui finiront par décimer presque entièrement l’entourage de Benjamin qui mènera néanmoins ses miliciens au sacrifice commun dans une bataille rangé avec des unités positionnés en phalange macédonienne en contrebas, un clin d’œil sans équivoque à la charge de la cavalerie anglaise lors de la bataille de Stirling, une manœuvre de fin stratège où la couardise d’une retraite recèle une contre-attaque sournoise. Les français brillent par leur absence bien que leur intervention à grands coups de canons permettront aux américains de faire courber l’échine au général Cornwallis qui aura commis l’erreur de sous-estimer les fermiers qui ont fait l’histoire de la bannière étoilée. Une belle leçon d’humilité à prendre ou à laisser et servis par un européen qui se sent définitivement adopté dans le pays des opportunités.