On le sait depuis La Colline a des yeux, les déserts sont des endroits dangereux, et ce n’est pas The Outwaters et son excursion entre amis qui nous feront changer d’avis. On s’attendait un peu à tout au vu de son tapage marketing, annoncé comme « l’un des films d’horreur les plus effrayants et dérangeants de l’année » voir même de la décennie tant qu’on y est. Le voilà accueilli en grande pompe sur la plateforme ShadowZ qui étoffe son catalogue d’une nouvelle production indépendante, tourné pour une poignée de dollars et des saillies gore et cauchemardesque plein la musette pour éveiller l’attention des fanas du Found Footage que nous sommes même si pour pouvoir apprécier ces quelques pics d’intensité relatif, il vous faudra rester éveiller assez longtemps sans décrocher avec ses 110 minutes de durée. Si Robbie Banfitch emprunte le même dispositif de mise en scène, c’est moins pour reproduire Le Projet Blair Witch dans un no man’s land en friche que pour livrer une œuvre expérimentale qui risque de heurter violemment la suspension consentie de l’incrédulité. Il est vrai que le désert est l’environnement idéal pour orchestrer un voyage introspectif et expérimental et le cadre change radicalement des sempiternelles forêts de sapins envahi d’entité malfaisante. L’avantage de cette isolement, c’est que personne ne vous entendra crier ; ou bien ronfler ; si ce n’est un troupeau de mulet.


Le témoignage commence comme des tas d’autres : un montage photographique des personnes supposées disparues à l’endroit où les autorités auraient retrouvées le film authentique des événements. On découvrira donc le contenu de chaque carte SD, bien que les premières manifestations paranormales tarderont à se manifester à l’écran. Et le problème est de taille étant donné que les interactions ne sont pas très passionnantes ce qui ne permet pas de s’attacher un tant soit peu aux personnages. Les raisons d’enregistrer leur camping dans la nature demeurent vague si ce n’est qu’ils cherchent à tourner un clip vidéo et à obtenir le cliché idéal pour la couverture de leur nouvel album musical. En dehors de ça, on les verra surtout tenter de capter du mana en se reconnectant à mère nature, parfois aussi à leurs souvenirs et émotions. L’affiche énigmatique du film est à l’avenant et ne dévoile rien de l’origine de la menace si ce n’est qu’elle évoque une couleur tombé du ciel ce qui est d’ailleurs le titre d’une nouvelle célèbre de H.P. Lovecraft. Suite à la découverte d’une hache et de bruits paranormaux capté dans un trou à fleur d’une colline, on aurait pu s’imaginer un survival assez classique avec une tribut d’irradiés anthropophage en quête de nouvelles victimes ou bien qu’un membre du groupe soit devenu fou suite à la consommation d’un champignon hallucinogène et se serait mis à dépecer ses compagnons. Cette dernière théorie paraîtrait être la plus plausible des deux, puisque la caméra semble traduire les visions oniriques et affabulés de son principal témoin en plein bad trip sensorielle comme une folie extrospective. Car on le sait, la question n’est pas tant de savoir si l’excursion va dégénérer mais de savoir quand, comment et surtout pourquoi ? Des questions laissés en suspens face au montage chaotique de l’ensemble qui vise à semer intentionnellement la confusion dans l’esprit du spectateur qui ne verra principalement de la menace que des halos lumineux dans l’obscurité la plus totale dont se dégage des silhouettes ténébreuses, des visages et corps ensanglantés, ainsi que des vers monstrueux et tentaculaires qui vocifère en dévorant les corps.


Le long-métrage est parfois pétrit de bonnes intentions souvent mal ou surexploités ce qui aura tôt fait de provoquer une forme de lassitude qui arrivera très vite à saturation et rendra l’expérience totalement hermétique pour une partie des spectateurs d’autant qu’à mesure de l’enfoncement dans les ténèbres, rien ne prend sens, bien au contraire. Ce qui relève de l’horreur lovecraftienne indicible et cosmique sert également de prétexte un peu brouillon et maladroit comme son montage censé accentuer la tension artificielle d’un film qui déroule l’habituel programme horrifique avant de brouiller tous les repères de temps et d’espace intentionnellement sans jamais être en mesure de justifier son dispositif de mise en scène, si ce n’est qu’il permet de proposer une narration plus rentre dedans et viscéral. C’est donc au bout du cauchemar mais surtout au bout de l’ennui qu’il vous faudra chercher l’intérêt à cet ovni filmique qui tient plus du canular opportuniste avec quelques éclairs lumineux de terreur cryptique et organique que du véritable objet de culte ou du film maudit. Pour vous faire votre opinion, il vous faudra donc plonger dans ces ténèbres en prenant garde de ne pas vous égarer ou bien de vous endormir.

Le-Roy-du-Bis
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le 21 déc. 2023

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Le Roy du Bis

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