Indiana Wish

Réalisé par Sheldon Lettich, auteur du sympathique mais pas trop Double Impact, et du vraiment pas terrible Full Contact, The Order réussit l'exploit de faire pire que ces deux films cités tout en leur étant paradoxalement supérieur.

Le défaut le plus évident du film ? Son découpage assurément. Le film est archi-cutté, mais du genre vraiment beaucoup trop : ça l'est tellement que certaines scènes en deviennent illisibles… une sorte de Taken 3 avant l'heure ! Pourquoi avoir fait ça ? Je ne sais pas, peut-être parce que Sheldon Lettich est un tâcheron… ou peut-être parce que Jean-Claude Van Damme a beau être présent physiquement devant la caméra, son esprit, lui, semble être parti ailleurs. J'aime bien Jean-Claude hein ! Mais là, il n'est pas bon ! Absent ! Vidé ! Rien ! L'acteur soignait ses addictions à l'époque du tournage du film, inutile de dire que ça joue probablement sur son état, mais les faits sont là : le JCVD de Bloodsport qui se donnait à fond ne joue pas dans ce film. Puis bon, ok le bonhomme fait de la figu… mais de là à ce qu'on voit ses doublures en gros plan à de nombreuses reprises, franchement, non merci.

Curieusement, il a aussi bossé sur le scénario. Pour le coup, ça me parait plus difficile de juger. Le film surfe sur un registre vraiment surprenant : c'est à la fois drôle, et à la fois ça traite de sujets quand même vachement sérieux, du genre l'éventualité d'une troisième guerre mondiale qui débuterait à cause d'un énième conflit entre chrétiens, musulmans et juifs. Le genre de thème encore plus tendu aujourd'hui qu'à l'époque du tournage du film (quelques mois avant un certain 11 septembre). Bref, je pense qu'à la base le film a été écrit pour être une sorte d'Indiana Jones en encore moins sérieux (la dernière partie ressemble beaucoup à la fin de La Dernière Croisade, mais sans les trucs bien), mais que quelque chose a foiré au niveau de la réalisation : le fait que le réalisateur a avoué regretté la dernière partie, beaucoup plus sérieuse, aurait tendance à abonder dans ce sens.

Quoi qu'il en soit, la plus grosse partie du film se déroule en Israël, un pays dont on ne parle pas trop en ce moment. L'autre partie se déroulant en Ukraine, un autre pays qui ne fait pas trop l'actualité non plus. Deux points positifs : premièrement, ils sont allés tourner en Israël (bon par contre ils ont tourné en Bulgarie et non en Ukraine), secondement, les policiers sont dépeints comme des raclures. Par contre, il y a quand même pas mal de musulmans dans les rues, pour un film tourné en Israël, c'est relativement surprenant… pour justifier ça, on va dire que ç'a été tourné en Palestine.

Pour reprendre et terminer sur le scénario, il est vraiment naze. Certaines scènes sont tellement mal amenées, notamment celle durant laquelle JCVD et Charlton Heston (dont l'accoutrement a sans nul doute été choisi au hasard) sont observés par deux assassins, que j'ai cru à une mise en scène du personnage incarné par ce dernier et qu'il y aurait un twist à la con à la toute fin en mode « c'était lui le méchant »… bah non du coup.

Ce qui me fait penser qu'il y a un gros problème au niveau du casting et du choix des costumes. Bon déjà Charlton Heston avec une tenue qu'on dirait être une tenue de pêcheur, c'est non (à noter que ce sera sa dernière apparition dans un film d'action). Mais la palme revient sans nul doute à Brian Thompson, le grand méchant du film, déjà pas très bon comme acteur (il ne semble habituer qu'aux nanars de toute façon), mais qui en plus n'a absolument pas la gueule de membre d'une secte (Sean Connery était plus crédible en tant que japonais dans On ne vit que deux fois). Rassurez-vous, il a joué dans encore pire : l'effroyable Cobra de 1986. J'en fais encore des cauchemars.

Au passage, on notera la présence d'Abdel Qissi, crédité en tant que « Big Arab » dans le générique. Je n'ai rien à ajouter.

Voilà. Certes, le film n'est pas ouf, j'ose espérer que vous l'avez compris. Sauf que, comme je l'ai précisé dans l'introduction de cette critique : « The Order réussit l'exploit de faire pire que Double Impact et Full Contact tout en leur étant paradoxalement supérieur. » Parce qu'en effet, The Order possède malgré tout une force, ou plutôt trois, et au lieu de les décrire, je vais plutôt vous les montrer : force n°1, force n°2 et force n°3… Non ! Vous ne rêvez pas ! Il y a Jean-Claude Van Damme déguisé en rabbin dans ce film ! C'est tout ? Oui ! Est-ce que cela justifie le fait que je recommande le film tout de même ? Probablement pas. Mais écoutez, je fais ce que je veux. On me fout deux portraits-robots de JCVD avec une tronche pas possible, et surtout, on me fait le coup du rabbin, moi ça me suffit. Serait-ce ça l'ascétisme ?