Lorsque ma lesbienne de coloc me propose ce film, je me dis : Tiens, encore un mélo gay sur une thématique éculée, déjà très bien développée dans DALLAS BUYERS CLUB... Nous sommes dimanche soir et mon mec est ultra friand de ce genre de navet, alors en bon mari que je suis, je cède à ces envies partagées.
Quelle belle surprise ! NORMAL HEART. Film intelligent, instructif, sensible. Une palette d'acteurs juste impeccable. Un combat exemplaire.
Le Topo : 1981, la communauté gay américaine en pleine possession de ses moyens, tout juste sortie du placard, affirmant encore timidement sa légitimité et sa liberté au sein de la société, se retrouve subitement confronté à l'arrivée du VIH, virus alors complètement méconnu.
Dans cette ambiance délirante d'une sexualité ouverte à l'excès, le flambeau de cette communauté se retourne contre elle, devenant subitement le fléau qui va remettre en cause ce pourquoi l'on s'est battu durant tant d'années. Dans le déni le plus total des gouvernements, NORMAL HEART, nous place dans un contexte d'émergence d'un virus touchant dans ces prémisses essentiellement la communauté gay. Face à l’hécatombe, les médias, les labos, les politiques laissent délibérément se propager la maladie, n'en faisant ni acte ni mention, dénigrant absolument les appels à l'aide lancés par les associations et les médecins. Derrière ce mutisme, se cache une ignominieuse volonté non avouée, celle de voir disparaître ce qu'une majorité considère être une déviance.
L’absence d'informations, le mystère de l'apparition de cette maladie, vont favoriser une nouvelle théorie du complot à l'encontre des gays, ainsi qu'une montagne d'hypothèses qui sèmeront déroutes et paniques. Dans ce climat de terreur, un auteur, Ned Weeks alias Mark Ruffalo, va prendre part à la lutte de manière acharnée, n'hésitant pas à se mettre à dos la plupart de ces associés, dans ce qu'il juge être un cas de force majeure.
C'est le combat de cet homme qui est ici mis en exergue de façon remarquable. Face à l'abnégation et à l'absurdité, il met en œuvre sa colère pour dénoncer les rouages d'une machination infernale en poussant ses interlocuteurs à se positionner publiquement. Envers et contre tous, se heurtant perpétuellement à des oreilles sourdes et à la frilosité de ses partenaires, il ne démordra pas tant que la "guerre ne sera pas gagnée."
Il est admirable de découvrir une personne ayant su mettre son courage et ses convictions au service de batailles qui aujourd'hui nous permettent de vivre dans un monde plus clément. Je te salut Ned Weeks. Really sorry for your loss. Thank you so much.